Le thème de ces rencontres est «Ensemble, pour le futur». Au départ il ne prenait en compte que les agences média mais le thème a été étendu à tout le marché. Pourquoi ?
Gauthier Picquet : Lorsque j’ai pris la présidence de l’Udecam, nous avons créé un manifesto, intitulé «Plus fort ensemble», qui visait à rassembler toutes les agences média. Notre métier a été très tiré par des compétitions acharnées, où nous nous battions entre nous, mais cela a détruit plus de valeur que ça n‘a construit d’économie. Alors on peut dire plein de choses, mais si on continue à se taper dessus, nous n’avancerons pas. Tous les défis sont devant nous. Les recommandations de la Cnil, les médias en crise... Nous devons être plus intelligents, dire oui ou non à certaines pratiques. L’objectif c’est d’agir et de moins subir. Pendant la crise de la Covid, avec les autres patrons d’agences, nous nous appelions très régulièrement. Cela a fait naître une grande solidarité. Nous partagions les mêmes questions, sur nos structures, nos managements. Vous savez, le marché ne doit pas s’opposer à une forme de solidarité. J’en suis convaincu et c’est le bon moment pour travailler cela. Mais les agences média ne règleront pas tout toutes seules. Elles n’existent que si les médias existent. Que si elles travaillent avec les annonceurs pour créer de la valeur pour les marques, et que si on travaille avec les agences créatives. Personne n’achètera un plan média s’il est dénué de créativité. C’est pourquoi il faut embarquer tout le monde dans la réflexion. C’est le but de ces Rencontres.
Les Etats généraux de la communication, lancés par Mercedes Erra, auront lieu en 2021. Les Rencontres pourraient être une sorte de travail préparatoire ?
Le but est de défendre une valeur de marché commune, une valeur économique. Et construire des discours communs sur différents sujets: la convention climat, la Cnil, la data... Si nous ne parlons qu’en silo, nous n’avons aucune chance. Il faut que l’on dialogue. Depuis le début de la crise l’Udecam s’est rapprochée de plein de structures : le SNPTV, la MMA, et plein d’associations diverses. Nous avons vu que l’échange était mieux que la concurrence. Pour moi, c’est vraiment le bon moment pour remettre les choses à plat et construire des solutions communes.
Mais cela fait longtemps que le marché parle de changer. Comment aboutir à des choses concrètes ?
Regarder le contexte en face. Ma conviction, c’est qu’on est plus proche du précipice que de la fortune. Nous sommes face à l’obligation de changer les codes. Et il arrive en agence média une nouvelle génération de dirigeant(es). Toutes s’engagent à changer, avec une nouvelle gestion des appels d’offres, des règles communes. Ensuite, nous faisons un travail de fond pour porter un nouveau regard sur nos métiers. Nous avons été trop autocentrées, au point d’oublier de montrer la contribution que nous apportions. Et ce point ne tient pas que pour les agences média, mais pour tout le monde. Il faut garder l’optimisme, certes, mais regarder la réalité du marché en face et se donner des feuilles de route précises, pour montrer l’importance de la communication.
Pour suivre les Rencontres de l'Udecam 2020, c'est ici, tous les matins, jusqu'au 9 octobre.
