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Benjamin Marchal est directeur de la création de TBWA Paris, président du jury du Grand Prix Stratégies de la publicité 2020, vice-président du Club des directeurs artistiques.

Le premier Stratégies festival cette semaine.

Je trouve cette initiative très pertinente car ce festival va permettre d’avoir une vision globale. Notre métier est devenu pluridisciplinaire, en regroupant tous ces prix dans un événement, cela donne à un instant T un large spectre de notre travail. C’est aussi une alternative aux Cannes Lions qui sont de moins en moins corrélés à notre métier : les travaux présentés sont trop souvent des labos, c’est-à-dire des créations destinées à faire de l’image, pas à vendre des produits. D’ailleurs, on ne dit plus aux jeunes créatifs de prendre en exemple les prix gagnés aux Cannes Lions.

 

La saison créative récompensée au Grand Prix Stratégies de la publicité.

Il y a du bon travail partout, il y a toujours une certaine santé, une vitalité créative, même si le groupe Omnicom n'y participait pas cette année. Il y a moins de travaux en quantité mais plus de qualité, je trouve, avec des marques comme Intersport, Lacoste qui émergent… Ça bouge quand même ! Même si j’ai vu moins de projets très innovants.

 

L’impact (fatal ou non ?) du Covid-19 sur la création.

En tous cas, la création s’est mise en quarantaine, il y a eu un problème de production et il n’y a pas eu de projets avec beaucoup d’ambition. Cela redémarre aujourd’hui avec la reprise des tournages mais on doit être créatifs avec des contraintes de sécurité sanitaire : les films ne sont pas simples à réaliser. La tonalité des films est assez monolithique autour du « caring » [prendre soin] et ils ont tendance à se ressembler : des films vignettes avec un ou deux personnage(s). Pour l’instant, on a perdu les dimensions entertainment, humour, spectacle…

 

La création française bousculée en cette année.

Le craft, cette année, est à l’honneur dans tous les domaines : illustration, direction artistique sonore et vidéo. Les idées innovantes sont moins nombreuses que les années précédentes. Cependant, le petit « je ne sais quoi à la française » qui me plaît tant est toujours omniprésent dans ce palmarès 2020.   

 

Le business des agences créatives lors de cette première rentrée post-Covid.

Il va sans dire que nous préparons tous stratégiquement l’année prochaine... Cependant, la reprise se fait clairement sentir depuis la rentrée. Noël est évidemment un temps fort commercial mais sera certainement, cette année, un baromètre de notre « santé ». Une opportunité qui, j'espère, ouvrira le champ des possibles en matière de création et de tonalité. Oui, je crois encore au père Noël. 

 

Les nouvelles exigences du public en matière de RSE et leur impact sur la création. 

Tout le monde en a évidemment beaucoup parlé pendant le confinement avec la notion du « monde d'après ». Le virage déjà amorcé depuis quelques années par les Français va clairement s’accélérer en espérant que la transparence des marques laisse de la place à une forme de créativité et non à une litanie de preuves corporate froide et sans âme. 

 

Le marché publicitaire qui revient à son niveau de 1999 (27,2 milliards d’euros, son montant net) du fait de la baisse des recettes publicitaires nettes de l’ensemble des médias, selon le Bump publié le 15 septembre.   

J’aurais préféré 1998, c’était une meilleure année pour la France. Trêve de plaisanterie, la situation est inquiétante pour notre secteur mais également pour le marché du travail en général en France. Nous vivons une période inédite sans trop avoir de vision sur ce que l'avenir nous réserve. C'est pourquoi nous devons tous, chacun à notre niveau, participer à redresser le secteur de la communication. À nous de réamorcer la dynamique économique avec ce qui est le plus important pour moi : les idées, les idées, les idées !

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