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Le confinement levé, la relance des tournages reste timide. François Barral, président de la délégation Production de l'AACC et directeur général de Havas Factory, et Frédéric Trésal-Mauroz, président de Prodigious, font l’état des lieux.

Comment se portent les boîtes de production à l’heure actuelle ? 

Francois Barral. Paradoxalement, la crise liée au Covid-19 nous a fait avancer. Dès le début, nous avons interagi avec l’APFP et l’Union des marques afin de mettre en place 84 règles sanitaires où nous nous sommes penchés sur les risques de pertes des boîtes de production indépendantes. Dans un premier temps, nous évaluions les surcoûts de production entre 10 et 30%, finalement, ils tournent autour de 5 à 10%. Pour ne pas mettre en danger les petites boîtes, les annonceurs s'engagaient à prendre en charge ces dépenses supplémentaires. L’autre information systématiquement demandée aux maisons de production porte sur l’empreinte carbone et la localisation des tournages. Les annonceurs prennent conscience qu'il y a un intérêt à revenir en France. 

Ce dialogue a également fait naître un débat sur la légitimité des productions intégrées, et les préjudices causés aux maisons de production indépendantes. Le constat est que dans cette économie ouverte, ces deux offres doivent co-exister. L’information doit être également partagée et les briefs de production seront obligatoirement divulgués à tous les acteurs. Nous sommes dans une compétition à armes égales. Le vrai problème, c'est que la production visuelle subit la crise. La production digitale, elle, ne s’est jamais arrêtée.

Frédéric Trézal-Mauroz. En effet, la production digitale, notamment sur l'e-commerce, est devenue le support privilégié des annonceurs. En trois mois, L’Oréal est passé de 10-15% de parts de marché à 40% dans l'e-commerce. Il est certain que dans les prochains mois, nous ne verrons plus de sagas publicitaire à 1 million d’euros le film mais des productions qui tournent autour de 20 000 euros. 



Les tournages ont-ils repris ?

F.T-M. Globalement, il y a une reprise, mais pas nerveuse, surtout ces derniers jours avec la recrudescence de cas de Covid-19. J’ai fait l’erreur d’envoyer un producteur en Angleterre pour un tournage, il se retrouve coincé en quarantaine... Avec toutes ces contraintes, forcément, notre travail évolue. Nos équipes sont réduites, plus agiles et le homemade est remis au goût du jour. Il n’y a pas moins de créativité, les sujets sont juste différents. Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut plus produire et a contrario de nouvelles techniques apparaissent. On est partagé entre la production traditionnelle et le nouveau monde. En ce moment, une nouvelle «race» de producteur est en vogue, un profil transversal qui détient à la fois des connaissances techniques de production et des compétences de directeur clientèle. Les makers – ces experts de la 3D et du craft – sont aussi très demandés. 



La créativité va-t-elle en prendre un coup ? 

F.T-M. J’imagine que les festivals vont devoir se réinventer. La crise sanitaire n’est pas terminée et elle risque de durer au moins jusqu’en 2021. Il faut s’interroger sur les nouveaux enjeux des annonceurs : comment faire remonter les ventes ? Leur besoin de communiquer ne se trouvera plus dans les grandes sagas publicitaire mais dans le digital. Ils seront dans une approche plus marketing que créative.

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