Publicis voulait voir son modèle jugé sur pièces dès fin 2020. Il faudra encore patienter pour le groupe français. La faute à une crise du Covid-19 qui a touché de plein fouet le monde de la communication et de la publicité, menacé par un recul global probablement supérieur ou égal à -20% en fin d’exercice. Autant dire que dans de telles conditions, Publicis n’a finalement pas démérité.
Avec une croissance organique en baisse de -8% au premier semestre et de «seulement» -13% au deuxième trimestre, le groupe, qui affiche un revenu de 5,28 milliards d’euros (+8,4%) à la suite notamment du rachat d’Epsilon, se montre confiant pour la suite. «Même si le principal indicateur est forcément négatif en raison du contexte, le cœur de notre transformation a bien résisté. Cette crise a d’ailleurs considérablement accéléré les demandes des clients en termes de personnalisation, ce qui nous donne raison en termes d’offre. La finalisation de notre modèle associant créa, média, data et tech, commence à porter ses fruits», estime Arthur Sadoun, président du directoire de Publicis, rappelant également «l’importance du modèle par pays» mis en place ces dernières années.
Mais si Publicis a limité la casse, c’est aussi grâce à ses performances sur le marché nord-américain, qui constitue près de la moitié de ses revenus. Dans le sillage de budgets structurants remportés ces derniers mois comme Disney, Bank of America ou Novartis, le groupe affiche «une dynamique forte aux États-Unis puisque nous étions encore positifs fin mai sur les volets média et créa et que nous avons enregistré +10% de croissance dans le secteur de la santé», illustre le dirigeant.
L’Europe durement touchée
Des résultats qui tranchent avec la situation en Europe, qui constitue de loin le marché le plus affecté du groupe (-16,5% de croissance organique), tandis que la zone Asie-Pacifique s’en sort mieux en dépit de la pandémie née en Chine (-3,9% de croissance organique). Enfin, l’Amérique latine ainsi que le Moyen-Orient et l’Afrique, mineurs en termes de chiffre d’affaires, sont respectivement en baisse de -15,7% et -11,8%.
«Nous avons des fondamentaux solides pour passer la crise», poursuit Arthur Sadoun, qui en veut pour preuve les récentes décisions prises par le groupe. «Outre le lancement en avril d’un plan d’économies de 500 millions d’euros consistant à se concentrer sur nos propres ressources et pour lequel nous avons déjà réalisé 286 millions, le groupe n’a effectué aucune demande de prêt dans les différents pays où il est présent, contrairement à WPP par exemple. Et nous ne ferons pas appel aux aides de l’État au titre de l’activité partielle enregistrée en France», annonce le dirigeant, pour qui la prudence reste toutefois de mise.
«Les incertitudes sont telles que le groupe peut difficilement établir des prévisions fiables. Mais il y a lieu de penser que la croissance organique des troisième et quatrième trimestres sera inférieure au premier trimestre et supérieure au deuxième trimestre», lâche-t-il à propos d’une crise majeure dont Publicis espère paradoxalement sortir légitimé.
Chiffres clés
-3,3% Baisse de la croissance organique en Amérique du Nord au premier semestre
-8% Baisse de la croissance organique au premier semestre
4,774 milliards d’euros Revenu net au premier semestre (+9,7%)