La crise ne fait, sans doute, que commencer, et ses impacts restent impossibles à quantifier. Mais une certitude s’impose déjà : le digital nous a sauvés. C’est lui qui a permis que la moitié de l’humanité se retrouve confinée, sans que l’économie mondiale se retrouve totalement à l’arrêt. Et c’est grâce à lui que nous allons, progressivement, dessiner les contours d’un monde nouveau, dans lequel il faudra « faire avec ». Mais aussi, et surtout, inventer de nouvelles manières de vivre, de travailler, d’exister ensemble.
Bien sûr, il ne s’agit pas aujourd’hui de prôner un monde exclusivement « sans contact », où nous vivrions chacun dans des bulles aseptisées, en l’unique compagnie de machines « covid-free ». Nous avons besoin de retrouver, dans toutes les dimensions de nos vies, de l’échange, du contact, du regard. Mais le digital peut nous aider à recréer, au moins partiellement, cette collectivité. La preuve : depuis le début du confinement, l’audience des médias (TV et web) a bien sûr explosé. Mais ce qui a progressé plus que tout, ce sont les jeux en ligne : +75 % aux Etats-Unis, contre 12 % pour le streaming vidéo. Parce que ces jeux, avec leurs univers virtuels, sont devenus de nouveaux lieux de sociabilité. En rassemblant les joueurs, mais aussi en créant de multiples événements « live » (concerts, lancements de séries) permettant de recréer une forme d’échange disparue de la vraie vie.
De leur côté, partout dans le monde, un nombre incalculable d’acteurs du paiement, de la visio-conférence, du retail ou de la santé connectée ont lancé une foule de tentatives permettant de mieux se parler, se comprendre ou se soigner à distance. En inventant de nouveaux partenariats, de nouveaux usages, et surtout en accélérant : pour moi, jamais la transformation digitale des entreprises, des gouvernements et de la société n’aura connu une progression aussi rapide.
Notre industrie, comme les autres, devra proposer de nouvelles solutions, inventer des fonctionnements inédits, imaginer des coopérations avec de nouveaux acteurs. Cela passera par des remises en cause, pas toujours confortables, mais enrichissantes. Elles ont déjà commencé : depuis que nous travaillons à distance, chacun a fait preuve de responsabilité, de motivation, malgré des conditions de confinement parfois éprouvantes. Les dirigeants doivent, aujourd’hui, reconnaître et soutenir cette mobilisation, au quotidien. Par une vraie attention portée à chacun, à son bien-être, voire à ses doutes. Par une communication sincère, transparente et régulière, socle indispensable à la confiance. Il faut favoriser l’initiative, l’audace, l’innovation. Le « monde d’après » ne doit pas être celui de la peur : au contraire, nous avons, plus que jamais, besoin de nous réinventer. Cette crise nous fait découvrir, individuellement et collectivement, des ressources insoupçonnées. A nous de les mettre en œuvre. C’est notre planche de salut, mais aussi notre responsabilité.
