« Les entreprises de services sont touchées de plein fouet : elles n’ont que très peu aucune visibilité sur la durée du confinement et sur la façon dont l’économie va redémarrer. La reprise sera-t-elle en V ou en U ? Dans l’événementiel, il y a une inconnue de plus : quand les interactions sociales seront-elles totalement autorisées, quel que soit la taille du rassemblement, et par ailleurs désirées par le public ?
Dans l’événementiel et le conseil, la relance de l’activité sera probablement très progressive. Il y a d’abord eu des mesures d’urgences à prendre, en décalant des charges.
Ensuite il faudra probablement souscrire un prêt ou lever des fonds propres pour financer ce « U » et passer ce cap. Mais les entreprises ne sont pas égales face à l’accès au crédit : les très belles sociétés trouveront de la dette sans problème, en revanche pour les sociétés qui ne sont pas très rentables historiquement, cela va être plus délicat.
«Rédiger un scénario crédible»
Dans tous les cas, avant d’aller solliciter des prêts, les entreprises doivent bâtir deux scénarios : un «base case » qui détaille la situation de la société avant la crise (rentabilité, croissance, place sur le marché ?), explique pourquoi le Covid l’a affecté, évaluer le temps que cette situation va durer, passer en revue les atouts de l’entreprise pour rebondir, et la situation du marché après crise, y compris celle des clients historiques. Cela fait énormément d’inconnus. Je recommande de rédiger un scénario crédible, raisonnablement optimiste, et qui affirme la conviction du management sur la manière de rebondir. Ensuite le financier doit décliner cela en besoin de trésorerie : il faut qu’il démontre si c’est possible que c’est un besoin ponctuel.
«Etre vigilant sur les comptes-clients»
Il faut aussi prévoir un deuxième scénario dégradé (worst case) : là il convient d’imaginer ce qu’il se passera si le marché ne repart pas, si tel gros client ne répond plus, si tel pays stratégique reste confiné… et d’évaluer les conséquences, pour démontrer que l’on sera capable de le surmonter.
Avec ces deux scénarios, vous serez bien armé pour aller convaincre des financeurs. Ils placeront sans doute le curseur entre les deux scénarios, voire au niveau du scénario dégradé.
Enfin, il faudra, dans la phase de reprise, être vigilant sur les comptes-clients. Il y aura des entreprises fragilisées. Il faudra redémarrer avec des clients qui vous payent, même s’il faudra aussi faire preuve de souplesse sur les délais de paiement avec les clients historiques. »