« Nous prévoyons deux mois de creux mais ce n’est pas une nouveauté dans le monde de la production », lance le fondateur de Birth, Hugo Legrand-Nathan. La crise sanitaire n’épargne personne, seulement, la production est familière avec la débrouillardise, en termes de contrainte de temps, de budget. « C’est surtout la communauté des freelances qui en prend un coup, nous travaillons, mais nous ne savons pas quand nous serons payés. Heureusement, il existe une émulation de talents avec des briefs internationaux ouverts, prêts à être consultés », explique Hanna Zakouri, directrice de production. Des campagnes mises en pause voire complètement arrêtées, des briefs modifiés pour cause de restriction budgétaire… La production n’a eu d’autre choix que de se réorganiser.
Formats méconnus
« A l’aube du confinement en France, nous cherchions coûte que coûte des pays pour tourner », confesse Hugo Legrand-Nathan. Mais très vite les producteurs ont dû se rendre à l’évidence : effectuer des prises de vue réelle est désormais mission impossible. « Il n’y a plus de tournage en Europe sauf en Suède qui en fait encore quelques-uns mais à effectif réduit », intervient James Hagger, fondateur de Troublemakers. Finies les superproductions en Afrique du Sud, et à vous les studios. « Les marques peuvent mobiliser des équipes réduites pour shooter des produits en studio, mais les castings sont impensables en ce moment », complète Hanna Zakouri.
Finalement, cette crise s’avère être une aubaine pour exploiter des formats méconnus. Et ce ne sont pas les boîtes de production spécialisées dans l’animation qui diront le contraire. « Partis pour des films, nous avons eu beaucoup de demandes d’annonceurs afin de les transformer en spots d’animation avec les mêmes storyboards », explique James Hagger. D’autres annonceurs n’ont d’autre choix que d’adapter leurs scripts. Dans ces circonstances exceptionnelles, les graphistes sont mobilisés à distance. « La 2D et la 3D sont les techniques qui vont sauver le monde de la création », estime la directrice de production. Et qu’en est-il du print ? « Nous en faisons mais toujours associé aux films », lance James Hagger.
Les producteurs donnent leurs prévisions : privilégier les campagnes de qualité plutôt que la quantité. « Il faut retourner à l’essentiel. La moitié d’année étant annulée, les annonceurs auront moitié moins de temps pour diffuser leur message mais deux fois plus pour le préparer », estime le fondateur de Troublemakers. Les crises précédentes ont montré qu’il ne fallait pas rester silencieux : « La première semaine du confinement nous avons reçu quasi un pitch par jour. Même s’il n’y a pas encore de compétition, les annonceurs se préparent pour l’après », avance le fondateur de Birth.