Le marché des RP ne connaît pas la crise. Comment expliquez-vous son dynamisme ?
Pascale Azria. La digitalisation de la communication, en redonnant le pouvoir aux citoyens, a augmenté les risques de crise. Toutes les entreprises sont potentiellement exposées. Elles doivent anticiper et ont besoin d’accompagnement. Parallèlement, la défiance généralisée envers les institutions et la publicité a fait de la restauration de la confiance un enjeu majeur. C’est un travail relationnel, d’écoute et de compréhension de l’autre qui doit être mené avec éthique et responsabilité… Un travail de PR. Nous sommes un rempart contre les fake news.
Vous servez quand même les intérêts de vos clients et ne pouvez pas non plus tout dire !
Non, c’est le travail des journalistes. Mais il n’est pas question pour nous de diffuser ou de transmettre une information dont on sait qu’elle n’est pas fiable. C’est majeur car nous nous positionnons comme des tiers de confiance, notamment auprès des journalistes.
Votre métier évolue, intégrant notamment l’influence marketing. Est-il lisible ?
Une étude que nous avons menée auprès de nos membres montre qu’ils réalisent la moitié de leur activité sur des activités de conseil stratégique, d’accompagnement sur le digital et les médias sociaux… C'est la preuve que nos clients ont bien compris l’évolution du périmètre de nos agences. Nous travaillons toujours sur la relation avec les médias et les journalistes, mais le territoire s’est complexifié. Il y a quelques années, le parcours de l’information était bien balisé. Aujourd’hui, tout est chahuté. Le problème de lisibilité concerne davantage l’environnement médiatique dans lequel nous évoluons.
C’est-à-dire ?
Quand on prend un Brut ou un Konbini, on a du mal à voir ce qui est rémunéré de ce qui ne l’est pas. Quand on voit que l’AFP crée des contenus pour les marques labellisés AFP, de quoi s’agit-il ? D’information journalistique ou d’influence ? Mon propos n’est pas de dire si c’est bien ou pas, mais simplement d’être clair sur l’origine des contenus proposés dans les médias. On retrouve la même chose du côté des réseaux sociaux et de l’influence. Il faut une position claire sur ce qu’est une collaboration rémunérée… Il y a un vrai sujet pour éclairer le contrat de lecture.
Est-ce l’objet de la charte que vous vous apprêtez à publier ?
Oui, mais pas seulement. L’autre intérêt d’une telle charte est qu’une fois publiée, plus personne ne pourra dire qu’il n’était pas au courant. Nous pourrions peut-être nous en passer, mais dans toutes les phases de croissance d’un secteur, il peut y avoir des dérapages. Il est donc préférable d’encadrer, d’expliquer et de démontrer. L’enjeu, c’est de structurer et de professionnaliser le métier.