D’autres agences chinoises, Blue Focus et Yeahmobi en tête, ont tenté sans réel succès de s’implanter sur le marché européen. Pourquoi avoir fait le pari de s’installer à Paris ?
Notre PDG [Su Tong] y a vu une opportunité. Les consommateurs chinois représentent 30 à 40 % de la consommation globale des produits du luxe et la France n’est autre que la capitale de la mode avec beaucoup de groupes et d’entreprises majeures comme LVMH ou Kering qui possèdent leur siège à Paris. Sans oublier la proximité avec la Suisse et des acteurs tels que Richemont. Le choix était évident. Le bureau français compte six personnes, sachant que notre premier bureau en Europe a ouvert à Londres en 2016. Nous allons par ailleurs ouvrir des locaux à Milan dans les semaines qui viennent avant une nouvelle implantation prévue à Munich. Ces quatre agences pourraient disposer à terme d’un fonctionnement centralisé avec un seul P&L.
Est-ce plus difficile de s’installer en France que sur d’autres marchés européens ?
C’est un peu plus facile pour une entreprise chinoise de s’installer en Angleterre, en raison notamment de la langue. Le marché français est à la fois très attirant et très complexe. C’est pourquoi on aimerait bien disposer d’une équipe qui ne soit pas uniquement chinoise mais c’est difficile de recruter… Les profils que nous ciblons sont très recherchés et personne n’a encore osé quitter sa zone de confort. Nous sommes par ailleurs prêts à travailler avec des agences locales. Notre approche est totalement pragmatique. Mais on constate qu’à l’inverse du secteur des produits, l’arrivée d’acteurs chinois dans le secteur des services revêt un côté plus « pionnier ».
Quelles marques ont décidé à date de faire appel à vos services ?
Cela commence, mais cela prend du temps. Nous sommes nouveaux sur un marché où tout est basé sur des relations de long terme. Mais petit à petit, avec notre réseau et le travail de RP, on commence à se faire connaître. Nous avons récemment commencé à travailler avec L’Oréal Travel Retail par exemple, ou encore avec des marques comme HYT, Chopard ou Swissquote. Sans oublier Chanel, qui a collaboré dans un premier temps avec Londres et pour qui nous reprenons le flambeau. D’autres collaborations sont encore confidentielles.
Ciblez-vous principalement les grands noms ?
Pas uniquement. Disposer de tels clients est un plus en termes de prestige mais la plupart des grandes marques sont déjà installées en Chine et opèrent depuis des années via des agences locales ou les networks internationaux. C’est la raison pour laquelle nous ciblons tout particulièrement les marques plus jeunes, qui viennent de naître ou qui n’ont pas encore eu l’opportunité d’aller en Chine, soit à cause du budget, soit à cause d’autres problématiques, stratégiques entre autres. L’objectif est de les aider dans leur implémentation sur le marché chinois avec un accompagnement allant de A à Z. Car même en Chine, le digital ne suffit plus. Notre raison d’être, c’est de décoder pour les entreprises européennes les habitudes des consommateurs chinois et les aider à utiliser au mieux les différents médias.
Chiffres clés
2400. Nombre de salariés de Hylink (6 en France).
1,6 milliard. Chiffre d’affaires 2018, en euros, de Hylink.