Quel avenir pour le groupe WPP après la démission de son fondateur et directeur général, Martin Sorrell, le 14 avril? Les questions se multiplient alors que son départ intervient dans une période charnière pour le géant mondial de la publicité, confronté plus que jamais à la concurrence de Google et Facebook, et à la compression des budgets publicitaires de nombre d'annonceurs.
Deux semaines après l'ouverture d'une enquête indépendante sur des accusations de comportement incorrect après des allégations de comportement inapproprié relatif à l'utilisation d'actifs de l'entreprise britannique, Martin Sorrell, qui était depuis 33 ans à la tête du groupe qu'il avait fondé, a renoncé à ses fonctions. «Je vois que le trouble actuel met inutilement une trop grande pression sur l'entreprise, sur nos plus de 200 000 employés et sur les 500 000 personnes qui dépendent d'eux, et sur les clients que nous servons dans 112 pays», a-t-il indiqué dans un communiqué.
«C'est pourquoi j'ai décidé que dans votre intérêt, dans l'intérêt de nos clients, dans l'intérêt de tous nos actionnaires, petits et grands, et dans l'intérêt de toutes les autres parties prenantes, il est préférable que je me retire.»
«Pas des montants cruciaux»
WPP a annoncé que l'enquête s'était achevée et que les allégations «ne concernaient pas des montants cruciaux». Après l'apparition des allégations début avril, Martin Sorrell avait nié tout comportement inapproprié mais avait dit qu'il comprenait que l'entreprise doive mener une enquête.
Le 14 avril, le groupe a indiqué que Martin Sorrell serait considéré comme ayant pris sa retraite et que le président Roberto Quarta deviendrait président exécutif jusqu'à ce qu'un nouveau directeur exécutif soit nommé. «Son départ laisse l'entreprise qu'il a fondée confrontée à de profondes questions sur sa future direction», a estimé le journaliste économique Mark Kleinman, de la chaine SkyNews.
Pour certains analystes, cités par l'AFP, Martin Sorrell paie surtout la chute de la valeur boursière du titre à la Bourse de Londres, qui a perdu 30% ces douze derniers mois. «Au final, c'est le climat des affaires qui a déstabilisé l'empire qu'il avait créé. Les actionnaires étaient inquiets. Il avait perdu le soutien unanime du conseil d'administration», a souligné Simon Jack, journaliste économique de la BBC.
Sa rémunération commentée
Sur fond de résultats mitigés, le tout-puissant patron était déjà sous pression pour mettre sur les rails un plan pour sa propre succession. Lors de la présentation des résultats annuels du groupe en mars, il avait reconnu que l'année 2017 n'avait «pas été une belle année, avec des revenus stables à périmètre égal, des marges opérationnelles et des profits stagnants ou en faible progression».
Ces derniers années, le niveau élevé de sa rémunération avait également été largement commenté. Leader du classement des grands patrons britanniques les mieux payés en 2015, avec une rémunération record de 70 millions de livres (89,5 millions d'euros), Martin Sorrell faisait face au mécontentement d'une partie des actionnaires du groupe, qui avaient exprimé à plusieurs reprises leur désaccord en votant contre sa rémunération. «Certes, il était implacablement et richement rémunéré, mais n'oublions pas que Sir Martin Sorrell a construit un empire publicitaire mondial à partir de rien», a commenté auprès de l'AFP Lionel Barber, éditeur au Financial Times.
la publicité, confronté à la rude concurrence d'entreprises comme Google et
Facebook, et à la compression des budgets publicitaires de grands groupes de
divers secteurs, dans les biens de consommation, la pharmacie ou encore
l'automobile.