Début octobre, McCann France accueillera son quatrième président depuis le départ en 2002 de Claude Douce, l'emblématique patron de la filiale parisienne d'Interpublic. Après Patrice Saugeron, Gérard Charbit et Michèle Ferrebeuf, c'est au tour de Philippe Lentschener, un temps pressenti chez Young & Rubicam, de prendre les rênes d'un groupe dont les plus gros clients sont Nestlé, L'Oréal, Opel, Nespresso ou encore l'Inpes.
À cinquante-quatre ans, après deux années de transition (pour cause de clause de non-concurrence), l'ancien patron de Publicis France, auparavant vice-président Europe de Saatchi & Saatchi, se retrouve à la tête d'une véritable institution, forte d'une enseigne publicitaire comptant par sa taille parmi les premières du marché et qui peut s'appuyer sur l'un des plus vastes réseaux d'agences à l'international ainsi que sur une forte expertise en «marketing services» via MRM.
Mais Philippe Lentschener va devoir aussi s'atteler à l'un des points noirs du groupe: la valse des présidents chez McCann Paris depuis le début des années 2000, de Gérard Charbit à Élie Ohayon en passant par Claude Posternak, ponctuée de longues périodes de «régence» assurée en direct par la présidence du groupe.
Tel fut d'ailleurs le cas ces deux dernières années avec Michèle Ferrebeuf, qui suite à la nomination de Philippe Lentschener a été nommée executive vice-president de McCann Europe pour développer MRM (son métier d'origine) et lancer une nouvelle division consacrée au luxe.
Philippe Lentschener assurera lui aussi la double présidence groupe et agence. Son premier chantier: changer l'image «old style» de McCann Paris dont la création n'est pas le point fort.
«La créativité est clairement le problème de l'ensemble du réseau, pointe Gustavo Martinez, président Europe de McCann Worldgroup depuis mars dernier. L'arrivée de Philippe tout comme la mienne et celle de Nick Brien [nommé président de McCann Worldgroup en janvier 2010] témoignent de la volonté du groupe de transformer en profondeur ce réseau pour en faire l'un des plus créatifs au monde.»
Ces dix-huit derniers mois, les recrutements de créatifs de haut vol se sont en effet succédé, de Linus Karlsson débauché de Mother en novembre dernier pour prendre la direction de la création monde à Matias Palm-Jensen, un des fondateurs de feue l'agence digitale suédoise Far Far.
La mission de Philippe Lentschener, membre du board mondial, est claire: faire de Paris l'un des principaux «hubs» créatifs européens avec Londres, Madrid, l'Europe du Nord, Milan, Moscou et Istanbul.
«En six mois, la plupart de ses agences ont changé de tête. McCann a décidé de mettre de l'argent sur la table, et pas seulement en Europe, pour devenir le réseau le plus neuf du secteur», lance Philippe Lentschener qui devrait annoncer prochainement l'arrivée des créatifs de l'agence V, Pierre Riess, concepteur-rédacteur, et Romain Guillon, directeur artistique, pour prendre la direction de la création de McCann Paris en remplacement de Manoelle Van der Vaeren.
Mise à part la création, le nouveau patron de McCann s'est donné quatre autres priorités: «Le digital avec l'intégration, en cours de négociation, d'une structure d'une dizaine de personnes, le contenu avec l'arrivée de nouvelles recrues, le marketing culturel et l'expertise en stratégie de marque autour de Jérôme Guilbert et David Leclabart [actuels directeurs généraux].» Vaste programme en perspective.
Encadré
McCann France en bref
Principales filiales. McCann Paris (publicité), MRM (marketing services), G Agency (corporate), Momentum (marketing opérationnel), Sitecom (design/édition), McCann Healthcare (santé).
Principaux clients. Nestlé, Nespresso, Opel, Bacardi-Martini, L'Oréal Paris, BF Goodrich, Inpes, Mastercard, Garnier Gemey Maybelline.
430. Nombre de salariés.