INSPIRATION
Ça peut paraître bateau mais ce qui m'inspire le plus, chaque année, c'est le festival de Cannes. On le critique beaucoup, mais personnellement, c'est ma piqûre de publicité annuelle. Quand j'y vais, je suis enfermé du matin au soir dans le Palais, à regarder les films, les case studies (les études de cas) et à éplucher les planches des catégories qui m'intéressent, notamment Direct, Promo & Activation et Design (et vu le prix de l'accréditation, je préfère amortir...). On revient de là-bas survolté, avec l'envie de faire aboutir les meilleures idées qui soient, de réaliser des trucs jamais vus.
Ensuite, ce qui m'inspire le plus, c'est un truc incroyable qui s'appelle la vie. J'observe beaucoup autour de moi. Les gens dans la rue, dans le métro, dans les restos. Les situations quotidiennes et les petits incidents de la vie sont une source d'idées inépuisable. Je regrette beaucoup la disparition des cabines téléphoniques qui étaient, parfois, les lieux de minipièces de théâtre. Et sinon, Internet. Je suis «addict». Ultraconnecté. Trop...
INTERNATIONAL
Je suis à genoux devant des boulots comme «Gatorade Replay» et «Decode Jay-Z». Surtout «Gatorade Replay», multiprimé à Cannes l'année dernière. C'est ce qu'on appelle un «masterpiece» (chef d'œuvre). Quelle idée de dingue... Simple et évidente au final. Mais il faut la trouver. Puis il faut la vendre et être capable de la fabriquer avec autant de talent. Pour démontrer les bienfaits de la boisson énergétique, ils ont fait rejouer au top niveau une équipe de football américain, quinze ans plus tard.
Je me demande comment on arrive à aboutir à de tels projets. Ce sont des idées gigantesques. Tant en termes de conception, de vente que de production. Je serais bien curieux de savoir combien coûtent des «trucs» pareils.
Au niveau mondial, je suis impressionné par le travail de boîtes comme Droga5, Crispin, Wieden ou AKQA et par l'avance de certaines agences et studios digitaux suédois: North Kingdom, Kokokaka, etc. Au niveau des concepts et de la technique, ce sont les plus forts.
CULTE
La publicité qui me revient sans cesse en tête est celle de Fox Sport pour les play-off de base-ball qui se finit par une ligne d'une puissance et d'une créativité sans pareilles : «Beware things made in October» (Attention à ce qui se fabrique en octobre). C'est une campagne de 2002 de TBWA Chiat Day («Gold for campaign» à Cannes) qui recèle une grande idée et beaucoup d'humour basé sur l'effet de surprise: «Il faut se méfier des choses qui sont fabriquées au mois d'octobre, car c'est le mois des "play-off" de base-ball et que c'est la grande priorité pour tout le monde ! Au détriment des objets qui seront produits dans les usines américaines...»
Dans un des trois films, on voit un gentil moustachu sur son bateau tout neuf, de jolies filles en maillot à l'arrière. À la première manipulation de l'accélérateur, celui-ci lui reste dans la main. Le bateau s'emballe. Les filles passent par dessus bord. Le moustachu attrape le volant, qui lui reste également dans les mains. Perdant totalement le contrôle, il saute du bateau en panique. Fallait pas acheter un truc fabriqué pendant les «play-off» !
Simple, évidente, drôle, cette campagne nous embarque très loin, en atterrissant sur ses pieds. Grande idée.