Comme chaque année, le palmarès des Design Lions fait la part belle aux agences allemandes. Sur les 85 prix décernés par le jury (dont 31 Lions d'or), 25 sont revenus à l'Allemagne, pays qui se place de loin sur la première marche du podium dans cette catégorie. Parmi ces nombreuses distinctions obtenues par nos voisins, le jury a notamment tenu à saluer l'agence hambourgeoise Gobasil (l'un des 5 Lions d'or obtenus outre-Rhin) pour la conception très originale d'une nouvelle édition de la Bible, dont l'objectif n'était autre que d'attirer un public d'adolescents et de jeunes adultes (voir photo).
Ce succès récurrent des agences allemandes, qui brillent souvent avec des créations de showrooms et de stands plus éblouissants les uns que les autres (merci à la puissante industrie automobile locale...), doit aussi beaucoup à une politique très volontariste du gouvernement, selon Sylvia Vitale-Rotta, PDG de Team créatif Group : «L'Etat allemand investit beaucoup dans le design. Il souhaite en faire l'un des points forts du pays et, pour cela, il n'hésite pas à subventionner les acteurs du marché pour participer notamment à de grands événements autour du design, comme Cannes aujourd'hui.» Une stratégie également adoptée depuis quatre ans par le Brésil, qui a ainsi payé cette année le voyage et les nuitées de quelque 400 délégués, dont une quarantaine de designers.
Mais l'Allemagne part avec une longueur d'avance compte tenu de son héritage en la matière, comme le rappelle Gilles Deléris, cofondateur de W&Cie: «Le design que l'on connaît aujourd'hui est né en Allemagne au début du siècle dernier à l'initiative du patron d'AEG, Emil Rathenau, qui confia à l'époque la direction artistique - en quelque sorte - de son groupe à un certain Peter Berhens dont les assistants n'étaient autres que Le Corbusier, van der Rohe et Walter Gropius, le futur fondateur de l'école du Bahaus, précurseur du design contemporain.» Un héritage fort éloigné de celui de la France, où les origines du design remontent davantage aux affichistes dans la lignée de Toulouse-Lautrec, tels Villemot, Cassandre et Savignac. Une toute autre école qui, pour l'heure, semble remporter bien moins de succès, en tout cas aux Cannes Lions.