Pour ses supporters, le Barça est plus qu’un club («Mes que un club»). Stratégies, c’est un peu pareil pour moi : plus qu’un magazine. Lecture indispensable d’étudiant en Brevet de Technicien Supérieur en publicité, je stockais les numéros dans la chambre familiale. Plus tard, lors de mes premiers jobs, Stratégies m’accompagnait encore. Et encore plus tard, c’est Stratégies qui m’offrit ma première carte de presse. Presque une histoire d’amour. Elle dura 20 ans au sein de la rédaction.
Mon arrivée durant l’été 1998, en pleine euphorie de la première Coupe du Monde de football des Bleus, traça certainement mon destin journalistique. A l’image du premier baiser, je me souviens du premier article : “Le vélo part à volo”, où un retour sur l’affaire Festina du Tour de France de la même année. La suite fut des dizaines, voire des centaines, et même sans doute plus d’un millier de papiers, plus ou moins long, plus ou moins intéressants.
Dans un couple on se rappelle des meilleurs moments. Dans ma relation avec Stratégies, ce sont plutôt ceux où il fallu batailler pour “vendre” son sujet, qui me reviennent à l’esprit. Dans le désordre : la mise en place de la TNT, l’arrivée de Loft Story, le futur avènement de la K-Pop (prédit un peu trop tôt finalement…), ou un article sur les recettes des animateurs radio pour préserver leur voix. La recette ce seraient les «Gouttes du Bolchoï» (je vous laisse chercher). Un peu touche-à-tout, je me réjouis aussi d’avoir également signé un essai de scooter dans les colonnes de mon magazine.
Plus qu’un club, Stratégies fut pour moi une maison accueillante durant 20 ans, avec ses tauliers emblématiques, François Kermoal ou Philippe Larroque. Ce dernier partageait l’amour du rock avec Christian Blachas et une rivalité professionnelle exacerbée avec le papa de Stratégies parti créer CB News. Une histoire de personnes, aussi, d’amitiés, d’hommes, de femmes, passés un jour ou l’autre au sein du journal. Et à qui je demande de pardonner mes parties le mardi après-midi, alors qu’il y avait par ailleurs «un canard à boucler», avec mes ballons de basket-ball, de foot ou de hand, en pleine salle de rédaction. C’était mon Camp Nou à moi.