Pierre Berville, ancien coprésident de Callegari Berville :
Volkswagen, DDB : «Qui n’aurait pas aimé être le premier homme sur la lune ? Ou le premier chercheur d’or à prospecter le Yukon ? Ou Thomas Edison quand il a inventé l’ampoule électrique ? Qui n’aurait pas aimé faire la campagne VW, la mère de toutes les campagnes modernes ?»
Benetton/Toscani : «Merveilleuse campagne de l’époque où lutter contre le racisme et l’homophobie était encore gonflé et original. Bref, de l’époque où les bons sentiments avaient du talent. Bien des années avant que la RSE impose sa tarte à la crème universelle.»
Hamlet, Collett Dickenson Pearce : «Plus personne ne fait de pub pour le tabac. Plus personne ne peut se moquer des chauves, des moches, des malchanceux. Plus personne ne se soucie de dénicher la musique parfaite. Plus personne ne refera une campagne comme celle des cigares Hamlet.»
Olivier Altmann, cofondateur d'Altmann+Pacreau :
«To Dad», Chivas : «Une campagne du grand publicitaire-rédacteur David Abott. Un simple annonce pour la fête des pères avec un packshot d’une bouteille de Chivas. Mais agrémentée d’une liste d’insights justes et touchants sur la relation père-fils. Quand la pub touche le vécu des gens, elle se grandit.»
«Noitulove», Guinness : «Un film magistral pour l’époque autant pour sa narration, que sa production et sa bande son. L’idée de justifier toute l’existence de l’humanité par l’envie de déguster une bonne bière en s’appuyant sur la signature légendaire de la marque : «Good things come to those who wait» (les bonnes choses arrivent à ceux qui attendent). Ce film a été réalisé par Daniel Kleinman, ancien créatif, et sans doute le meilleur de son temps dans tous les registres.»
«Jumpman», Nike : «Une affiche mythique des débuts de la collaboration entre Nike et Michael Jordan. Un éloge de la simplicité et de la force des mots pour faire décoller un simple visuel de stock.»
Gabriel Gaultier, président-fondateur de Jésus & Gabriel :
« Qu’allez vous faire de vos 40 ans », BMW : «Quand on aime la pub, on aime toute la pub. Elle serait terriblement ennuyeuse si elle n’avait qu’un style. J’aime autant le style de Business que celui du CLM de Philippe Michel. Il y a cependant des titres que j’aurais aimé faire : «Qu’allez vous faire de vos 40 ans» pour BMW, tellement bien vu, de Pascale Chadenat, je crois ; «Nos impers sont tellement beaux qu’on dirait qu’ils ont fait Science Po» pour Monoprix avec cette fantaisie incroyable de Pascal Manry, là j'en sûr ; et bien sûr le «À la place de deux enfants qui crient, nous avons mis six cylindres qui rugissent» pour Porsche par Philippe Royer – mais qui se souvient aujourd’hui de ce génie de l'écriture ? Sinon, l'inégalé Tango Black Currant et sa harangue contre Sébastien reste un summum, mais bon, c’est chez les Anglais.»
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Éric Tong Cuong, président fondateur de La Chose :
«1984» , Apple : «Les campagnes que j’aurais aimé faire il y a en des dizaines, les Bernbach des années 60 pour VW, les pubs de bière anglaises des années 70-80, l’émotion des films de Joe Pytka, mais puisqu’il faut choisir… Je vais démarrer par celle qui m’a donné envie de faire ce métier, la pub Apple de 1984, «You will see why 1984 won’t be like 1984». Steve Wozniak et Steve Jobs sont à peine sortis de leur garage où ils assemblaient leurs premiers Macs. N’empêche, ils vont défier le mastodonte IBM pour affirmer la vision d’Apple, l’ordinateur au service de l’humain, l’ordinateur qui libère l’homme de l’informatique. Presque 40 ans plus tard, la vision d’Apple reste le fil conducteur de leur réussite, l’iPod, puis l’iPhone et les apps sont les fruits de cette vision devenue culture d’entreprise.»
«Tested For the Unexpected», Dunlop : «Quand j’ai débuté, on lorgnait tous sur la pub anglaise qui nous mettait des raclées à Cannes. «Tested For the Unexpected», réalisé par Tony Kaye pour Dunlop, est pour moi le parangon de la pub anglaise. Une voiture traverse un univers surréaliste, semblable à la Death Valley, habité par des personnages tout droit sortis d’un club sadomaso, qui n’ont de cesse d’essayer en vain de dérouter la voiture avec des objets très curieux… Beaucoup de grandes pubs anglaises fonctionnent comme cela. On part de la signature «testé pour l’inattendu» et les créatifs l’amènent de la façon le plus bouleversifiante possible.»
«The Big Leap», Lacoste : «Pour finir, je suis fan de ce film d'origine, incroyablement puissant dans l’idée comme dans la réalisation et, plus encore, l’hymne à l’amour avec la plus belle scène de ménage de tous les temps. Bon, c’est un peu la famille mais n’empêche, je suis ébloui.»
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Gilles Fichteberg, cofondateur de Rosa Paris :
Les piles alcalines Mazda, BDDP (début des années 90) : «Nous sommes en 89, je viens de voir Brazil au Studio Galande, je suis bouleversé par l’univers du film de Terry Gilliam, je tombe sur cette publicité faite par BDDP un an après... Je me dis, OK, c’est ce métier que je veux faire. L’idée est géniale et ce métier a l’air d’offrir une liberté d’expression créative incroyable !»
Le Surfer de Guinness, AMV BBDO, Jonathan Glazer (1999) : «J’aime tout. Le montage, le rythme, la musique, la VO, les effets spéciaux (incroyables pour l’époque), l’univers… j’ai des frissons quand je repense à la claque que j’ai prise en le voyant sur grand écran à Cannes pour la première fois ! Absolument culte !»
Marie-Catherine Dupuy, présidente du Club des directeurs artistiques, fondatrice et directrice de création de l’agence BDDP / TBWA :
«Les campagnes marquantes que j’aurais aimé faire, ce sont toutes les campagnes qui ont une grande idée, intelligentes, et dont l’exécution est parfaite quels que soient le genre, la forme, le format, etc. Les pires campagnes, ce sont toutes les campagnes sans idées, bêtes et moches, quels que soient le genre, la forme, le format, etc.»