« De manière générale – tout dépend des secteurs –, c’est bien plus facile de lancer son business aujourd’hui. Surtout sur le numérique. Oui, il y a eu une période d’argent facile, où tous les projets étaient financés, même les plus mauvais, mais cela n’a duré que quelques mois, un peu avant les années 2000. On retient souvent cette période mais ça n’a été qu’un épiphénomène dans l’histoire. Avant cela, en 1985, j’avais 22 ans et je montais ma boîte dans les logiciels. À l’époque, on ne montait pas une “start-up”, mais une entreprise comme toutes les autres. C’était compliqué, lourd, il fallait trouver sept actionnaires et établir une SA ou une SAS. Les banques vous regardaient comme un extra-terrestre. Je me souviens de rendez-vous très compliqués. Il n’y avait aucun écosystème, aucun business angel qui vous soutenait ou même vous guidait. Vous étiez très seul, finalement. Il y a eu la petite période de 1998 à 2000, ou beaucoup se sont plantés, mais dès 2001, c’était fini. Plus personne ne se déplaçait pour vous. Quand nous avons lancé Meetic, c’était impossible de trouver de l’argent. L’avantage, c’est que cette période a démocratisé l’échec. Avant, quand votre entreprise déposait le bilan, vous étiez un “failli”, fiché à la Banque de France, convoqué devant un procureur… C’était très dur socialement. Cela vous suivait. Après 2000, il y a eu beaucoup de jeunes étudiants, salariés, qui ont ressenti la vocation de devenir start-upper. L’échec était mieux accepté et les mentalités ont changé. Les jeunes ont eu moins peur de se lancer. C’est ça qui a permis de multiplier les projets, d’échanger des idées et de former un écosystème général. »