Hommage à Christian Blachas
Grand reporter à Télérama, Richard Sénéjoux a connu Christian Blachas alors qu'il était le patron de CB News. Souvenirs d'un enfant du rock, du PSG et de la culture pub, qui était aussi un journaliste.

Le premier but de Leo Messi pour le PSG l’aurait fait se dresser comme un seul homme. Christian Blachas était un supporter historique des rouges et bleus, lui qui habitait à quelques encablures du Parc des Princes. Un club né en 1970, un an tout juste avant Stratégies. À à peine 25 piges, il inventait le « business de la communication » et apportait un soutien sans faille à l’équipe de la capitale. Peu de gens le savent mais Christian Blachas a composé une musique destinée à accompagner l’entrée des joueurs sur le terrain - on lui préférera le Who said I would de Phil Collins. Il a aussi réalisé pendant quelques années le magazine du club, qui mettait en lumière les vedettes de l'époque, comme Mustapha Dahleb ou François M’Pelé. Mais le PSG était encore loin de jouer les premiers rôles. 

Culture rock band

En bon « boomer », il était aussi fan de rock'n'roll. Enfin surtout d’Elvis Presley, à qui il a consacré deux livres et une sorte de culte amassant au fil des années une impressionnante collection d’objets à son effigie ou lui ayant appartenu.  « Tu sais, d’Elvis, il a tout, nous avait un jour confié Jean-François Bizot, autre grand homme de presse lui aussi trop vite disparu. Je le soupçonne d’avoir sa momie au fond de sa cave ! » Sa passion pour la musique, Christian Blachas la vivait aussi au sein du Culture Rock Band. Un groupe composé de salariés de Culture Pub et de CB News, où il assurait chant et guitares. CB News, c’est le deuxième enfant de sa vie professionnelle. Évincé de Stratégies en 1986, il avait décidé illico de créer un titre concurrent [les deux appartiennent aujourd’hui à MediaSchool]. C’est là que nous l’avons connu, à la fin des années 90. La rédaction n’était pas organisée par services, mais « séparée » entre… fumeurs et non-fumeurs - Christian Blachas grillait clopes sur clopes. Une autre époque. Son management pouvait laisser pantois. « Pourquoi ne fais-tu jamais de compliments quand un journaliste fait un bon article ? » lui a-t-on demandé un jour. « Parce qu’il va débouler fissa dans mon bureau pour demander une augmentation ! » avait-il répondu du tac au tac. Ce qui ne faisait pas de lui le meilleur gestionnaire du monde pour autant…

Franc-parler

Son truc à lui, c’était le journalisme. Une bonne info, un bon angle, valait plus que tout, même si cela n’arrangeait pas forcément ses affaires de producteur télé (on se souvient de quelques fâcheries avec des patrons de chaîne) ou celles du journal. Face à la menace (parfois mise à exécution) de certains annonceurs de supprimer la pub à la suite d'un article jugé peu flatteur, Christian Blachas prenait toujours le parti de la rédaction. Sa phrase culte : « Tu fais ch…, mais si c'est vrai, on le passe ! » Ce qui n'a d'ailleurs jamais altéré durablement sa cote de sympathie auprès des « professionnels de la profession », qui ont toujours salué son franc-parler et son indépendance. Bref, son esprit éternellement libre, pour tout dire, rock'n'roll.

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