«En 2000, nous étions dans l’âge d’or des start-up. Dès que l’on prononçait des mots comme internet, web, start-up ou entrepreneurs, des investisseurs sortaient des sommes incroyables pour des projets qui tenaient sur des post-it, sans même les comprendre. Beaucoup d’encre a coulé sur l’utilisation de cet argent. Avec les soirées complètement folles – certains se rappellent celles d’iBazar –, salles de sport éphémères, espaces massages près du bar, rues entières privatisées… l’argent était facile. Avant même la création de la société, quand la solution technologique n’était qu’en développement, des investisseurs sonnaient déjà à la porte. Un jour, une boîte nommée Fi System est arrivée. Fleuron du digital français, présent dans toute l’Europe, ils nous voulaient. Le premier rendez-vous fut épique, dans une salle avec de grandes tables ovales à l’américaine où on ne voit pas le bout. Il offrait une vingtaine de millions. Mon associé, Christophe Bosquet, avait 23 ans, et devenait virtuellement millionnaire après à peine quelques mois en entreprise. Mais le rêve n’a duré que quelques heures. Après un conseil d’urgence avec les actionnaires, la décision fut prise de décliner l’offre. On pensait que notre idée valait mieux que de se vendre au premier venu. Mais Fi System n’a rien lâché. Ils ont même proposé à Christophe, dans mon dos, de les rejoindre en douce pour monter le projet chez eux. Il obtenait plus de parts, un salaire de gagnant au loto, des équipes partout en Europe… Mais il a refusé. Chez nous, rien ne vaut de rester autonome. Eh bien même pas trois ans plus tard, Fi System a fait banqueroute. Nous, Effinity, on est toujours là. Comme quoi…»