Rebond
Si la plupart des événements programmés sur 2020 ont été annulés, certains ont fait le choix du maintien d’une édition physique. Leur retour d’expérience peut aider à baliser le nouveau chemin dans lequel va devoir s’engager le secteur.

Revenir au plus vite au contact du public. C’est sur cette ambition que Bpifrance a maintenu son Big Tour qui a parcouru l’Hexagone durant l’été et jusqu’en septembre. « Nous avons décidé de maintenir notre événement car c’est une tournée pleine de sens et agile, explique Patrice Begay, le directeur de la communication de Bpifrance. Nous avons voulu aller à la rencontre du pays, lui redonner le sourire et l’espoir alors que l’avenir est incertain. Après la crise sanitaire, l’économie est touchée. Mais cet été, les Français étaient là et c’était le moment d’être avec eux pour célébrer quatre valeurs fortes : la proximité, la volonté, la simplicité et l’optimisme. »

Aucun partenaire n’ayant fait défection, Bpifrance a ainsi organisé l’un des premiers événements d’ampleur depuis le déconfinement. Toutes les précautions sanitaires avaient été prises par l’organisation, équipée de façon à pouvoir fournir un masque et du gel hydroalcoolique à chaque participant. Et les agents de sécurité ont été dûment formés pour assurer le bon respect des règles sanitaires. Pour faire bonne mesure, ce Big Tour avait un double « digital ». Un vrai plus selon Patrice Begay : « Cela nous a permis de toucher des dizaines de millions de Français. C’est la première fois que nous mettions sur pied un événement en physique et en digital. Nous comptons reconduire ce double format lors des prochaines éditions. »

Du réel avant tout

Si moderne soit-elle, une telle perspective était en revanche exclue pour le festival de Deauville dont les organisateurs ont misé sur une vision optimiste de l’avenir. « Nous avons décidé de ne pas annuler car nous avons vite constaté que la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain, explique Bruno Barde, directeur du festival de Deauville. Nous avons considéré que tant que le gouvernement n’émettait aucune interdiction formelle, nous restions sur l’option du maintien. » L’édition 2020, qui s’est déroulée du 4 au 13 septembre, restera dans les annales pour avoir accueilli des films initialement prévus pour l’édition 2020 (annulée) du festival de Cannes. Peu inquiets quant à l’affluence – la billetterie a été prise d’assaut – la seule contrainte des organisateurs aura finalement été la jauge définie par le préfet au regard des conditions sanitaires.

Dans d’autres cas, le maintien s’est aussi imposé par souci de solidarité, à l’image des « Nuits musicales du Rouergue » dont la programmation a été maintenue fin juillet vaille que vaille. « Le chemin du maintien a été long, note toutefois Philippe Alègre, directeur artistique du festival et pianiste concertiste. Nous n’avons pas voulu annuler car c’est compliqué pour les artistes intermittents du spectacle qui s’étaient engagés à venir depuis l’automne 2019. » Deux concerts sur les cinq prévus ont cependant été annulés et n’ont été conservés que ceux programmés dans le cloître de la Chartreuse de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron). « C’est un espace qui peut accueillir des centaines de personnes, de sorte qu’il était possible de respecter la distanciation », précise Philippe Alègre.

Du côté du Mipim, salon dédié à l’immobilier, le maintien était en revanche impossible puisqu’il était programmé à Cannes en… mars. Après avoir annoncé un report au mois de juin, les organisateurs ont dû se résoudre à annuler l’édition 2020 pour la remplacer par deux événements, l’un digital, l’autre physique… à Paris ! Accessible dès le 29 avril, la plateforme Mipim-Connect avait pour but de favoriser le networking et de proposer des contenus. « C’est un complément de l’événement physique, explique Ronan Vaspart, le directeur du Mipim. Tous les participants au Mipim y ont accès et un système de “matchmaking” assisté par de l’IA leur recommande des personnes à contacter grâce aux informations fournies lors de l’inscription. » Mais il ajoute : « Globalement, nous assistons à une accélération des initiatives digitales. Et si je suis convaincu de la complémentarité des deux dimensions, le présentiel restera car nous sommes avant tout un métier de rencontres. » Pour cette raison, la Paris Real Estate Week s’est déroulée en septembre dans différents lieux de la Capitale. « La semaine a été configurée pour accueillir essentiellement des visiteurs européens, ceux d’Amérique ou d’Asie étant, comme prévu, peu nombreux », affirme Ronan Vaspart.

Combiner formation et action

Programmé fin mars, le festival Ouaï dédié à l’événement responsable a dû, lui aussi, être repoussé fin août. « Nous avons décidé de faire évoluer le format pour être plus participatifs, explique Béatrice Eastham, fondatrice et présidente du festival. Nous avons proposé quatre sujets afin d’aider les professionnels à augmenter leur crédibilité sur les sujets RSE : cette quatrième édition a donc porté sur le “zéro déchet”, le “net zéro carbone”, l’inclusion et l’alimentation durable. Nous avons aussi proposé deux séries de formations, la première dédiée à la montée en compétence et la seconde à la co-construction de solutions. L’ensemble se devait de combiner formation et action. »

S’il est trop tôt pour affirmer que la Covid-19 va profondément chambouler le futur de l’événementiel, elle impose d’ores et déjà aux professionnels de mettre à jour leur logiciel, selon Béatrix Mourer, administratrice de Lévénement : « Je ne crois pas au 100 % digital, hormis pour certains cas comme les événements qui sont essentiellement informatifs. Un festival sur YouTube ne peut générer l’émotion, le lien, l’alchimie d’un événement physique. En revanche, les événements hybrides vont se multiplier avec une combinaison d’événements physiques réunissant moins de personnes avec une irrigation de contenus sur les réseaux sociaux. »

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