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Pour trouver les meilleurs postulants, les «job boards» misent le plus souvent sur les applications mobiles et les réseaux sociaux.

«La deuxième vie des “job boards” vient de commencer!, claironne Thibaut Gemignani, directeur général de Figaro Classifieds (Cadremploi, Keljob, etc.). En 2015, plus de la moitié du trafic Internet se fera sur les smartphones, les tablettes et la télévision connectée.» En prévision de cette déferlante, le site Cadremploi.fr a lancé dès 2010 une application mobile. Cette année, les smartphones représentent déjà en moyenne 15% de l'audience, avec un pic de 20% en août. Transportables partout, ces appareils ont remisé au rayon des souvenirs la traditionnelle trêve estivale. «Il n'y a désormais plus aucune pause dans le processus de recrutement», assure Thibaut Gemignani.

Et les places seront chères. Depuis 2010, Monster a lancé trois applications, traduites dans dix-neuf langues. Fin août, elles avaient déjà été téléchargées plus de 500 000 fois, drainant ipso facto un important trafic. «C'est un mode de consultation pratique, discret, confidentiel et qui nous permet d'élargir notre public, explique Catherine Reichert, porte-parole du site. Nous touchons désormais des personnes qui n'ont pas facilement accès à Internet et qui devaient se rendre dans un cybercafé pour consulter les annonces. Avec les smartphones, la consultation est immédiate. Dans certains secteurs, comme le BTP, la vitesse de réaction est un facteur essentiel.»

Les réseaux sociaux sont l'autre champ de bataille décisif. Monster a choisi de s'y investir totalement au point de créer une application sur Facebook. Baptisée Be Known, elle permet d'activer ses contacts professionnels sur le réseau communautaire, qui compte déjà quelque… 750 millions d'utilisateurs. Monster tire ainsi parti de la popularité de cet outil tout en prémunissant ses utilisateurs contre son défaut majeur. «Be Known permet d'éviter la confusion avec les données d'ordre privé, comme les photos, ou d'autres éléments qui peuvent influencer les recruteurs», précise Catherine Reichert. L'application aurait déjà séduit 280 000 utilisateurs.

Cadremploi-Keljob mise également sur les réseaux sociaux, mais avec une stratégie avant tout éditoriale et sans y créer d'application spécifique. «Nous laissons l'internaute choisir le réseau qu'il préfère utiliser, plaide Thibaut Gemignani. D'ailleurs, si 20% des recruteurs utilisent des réseaux sociaux, seulement 2% des personnes embauchées viennent de ceux-ci, contre 50% via les “job boards”.» Cadremploi-Keljob mise sur le contenu grâce à son équipe de journalistes. «Les gens ont besoin de connaître l'état du marché, mais aussi de conseils pour bien préparer leur candidature», postule Thibaut Gemignani. Pour séduire recruteurs et candidats, Adenclassifieds leur propose de remplir des pages baptisées «profils publics» qui, grâce à sa notoriété, vont figurer sur la première page des résultats de Google. «Cela permettra aux cadres de mieux maîtriser leur e-reputation en regroupant en un seul lieu l’ensemble des données constituant leur identité numérique», assure Thibaut Gemignani.

Toucher d'autres publics

Dans cette course à la visibilité, Monster a choisi le tir groupé avec Audience+. Lancée début 2010, cette solution «unique sur le marché» permet de transformer une annonce publiée sur monster.fr en bandeau publicitaire sur des sites partenaires. «Les recruteurs peuvent ainsi toucher d'autres publics et augmenter leurs chances de trouver les meilleurs profils»,  souligne Catherine Reichert. Quelque 3,3 millions de personnes auraient été touchées par ce dispositif depuis son lancement. Autre nouveauté: Sixth Sens. Lancé depuis un an, ce moteur de recherche évolué permet d'effectuer des recherches ultraciblées tout en offrant une interface plus simple qui interprète les demandes formulées en langage naturel.

Tous les «job boards» n'ont pas pour autant succombé à cette surenchère d'innovations. Ainsi, Bale.fr, désormais dans le giron de Publicat, fonctionne avec une technologie déjà vieille de dix ans et présente ses annonces sous forme de classiques listings. Comble du paradoxe: il est leader sur le marché de l'emploi multimédia.
Pour Cyril Gardère, directeur délégué de Publicat, le vrai défi consiste à toucher les candidats intéressants qui ne sont pas en recherche active. Pour le relever, il a déjà une stratégie bien arrêtée: «Nous allons continuer à miser sur notre partenariat historique avec lemonde.fr, le site d’information le plus consulté par les cadres, et la contextualisation des annonces par centres d'intérêt.» Si elle réussit, cette démarche pourrait bien élargir le marché du recrutement à toute une frange de candidats en poste qui n'avaient pas l'intention d'en changer dans l'immédiat.

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