Le média radio n'échappe pas à la déferlante numérique. Selon l'étude Global Radio 2010 de Médiamétrie, plus de trois millions de personnes écoutent chaque jour la radio sur un autre support qu'un poste traditionnel. Premier outil utilisé, l'ordinateur, suivi du téléphone mobile, du baladeur multimédia et de la télévision. Un chiffre qui ne représente que 5,8% du nombre total d'auditeurs, soit tout de même 1,6 point de plus qu'en 2009.
«La radio n'a pas attendu la radio numérique terrestre ( RNT) pour faire sa révolution numérique», estime Michel Cacouault, président du Bureau de la radio, qui représente les intérêts des quatre principaux groupes privés. «La FM n'a pas besoin d'un second souffle car elle se porte déjà bien. Mais il serait dangereux de ne pas passer à la RNT même si, en la matière, la France n'est ni en retard ni en avance», assure Jean-Éric Valli, président du GIE des Indés Radio, qui regroupe cent vingt-huit radios indépendantes.
Attendre et voir...
Pour l'heure, la RNT est au point mort. Dernier épisode en date, la remise du rapport Kessler mi-mai, qui préconise un moratoire de deux ou trois ans faute de modèle économique suffisant. Parmi les portes de sortie envisagées, une réflexion sur la norme choisie, certains préconisant un développement de la radio sur Internet (IP). «Il est urgent de ne pas se presser. Il faut voir par exemple comment l'IP va intégrer le parc automobile et la fibre optique les maisons», explique Michel Cacouault.
Mais, pour les défenseurs de la RNT, radios indépendantes en tête, l'IP est contraire aux caractéristiques même de la radio, que sont l'anonymat, la mobilité et la gratuité. «Avec ce média, personne ne sait ce que j'écoute, et une fois le poste de radio acheté, je n'ai plus rien à payer et je peux m'y connecter partout, où que je sois», met en avant Bruno Delport, directeur général de Novapress, auquel appartient Radio Nova. A contrario, passer par Internet rendrait les stations dépendantes des fournisseurs d'accès et donc de leurs tarifs.
Faute de consensus, différentes expérimentations sont aujourd'hui en cours, notamment à Lyon. Objectif: mesurer l'intérêt des Français pour la radio numérique terrestre, mais également laisser du temps au temps afin de voir, par exemple, si l'un de nos voisins européens trouve le Graal.
Une chose est sûre: les radios indépendantes crient haut et fort qu'elles ne referont pas la même erreur qu'avec la FM. «C'est hors de question que nous fassions tout le travail pour qu'ensuite les principaux groupes récupèrent 60% des fréquences», s'énerve Jean-Éric Valli. Trente ans après la naissance de la FM, tout reste à écrire.