Vous rêvez de participer à Questions pour un champion ou Une famille en or? Si vous n'osez pas tenter votre chance sur un plateau télé, vous pouvez tout de même jouer chez vous, sur votre ordinateur. Le portail E-TF1 donne ainsi accès à une dizaine d'applications dérivées des principaux jeux de la chaîne: À prendre ou à laisser, Qui veut gagner des millions, Le Juste Prix, etc. Des projets conçus en interne et développés par des prestataires. Le portail revendique 1,5 million de joueurs actifs dont environ 10% achètent des parties, ce qui compense de faibles revenus publicitaires. La chaîne propose désormais aussi des jeux sur Facebook et envisage des développements sur mobile et en TV connectée.
À France Télévisions, on mise sur deux valeurs sûres. Les déclinaisons en ligne de Tout le monde veut prendre sa place et de Questions pour un champion reçoivent respectivement 300 000 et 50 000 à 100 000 visites quotidiennes. Au total, le portail de jeux du groupe accueille 1,8 million de visiteurs uniques par mois. Là encore, l'achat de crédits rapporte plus que la publicité, qui représente seulement 10% des recettes.
Pour TF1 comme pour France Télévisions, les objectifs de cette diversification sont les mêmes: offrir du divertissement pour faire rayonner les marques et générer de nouveaux revenus, tout en fidélisant l'internaute. «C'est une bonne chose pour le marketing de nos programmes, détaille Pierre Mathieu, directeur adjoint des sites antennes de France Télévisions Interactive. Une même marque touche ainsi des publics complémentaires.»
Car l'audience, plutôt âgée devant la télé, est ici majoritairement de moins de 40 ans, et surtout féminine (à 60% chez TF1). «Les jeux sont le premier moyen de connaître nos téléspectateurs», renchérit Claude Charpin, directeur délégué jeux en ligne et relation client chez E-TF1.
Sujet sensible
Si les intentions sont semblables pour les deux groupes, les stratégies divergent. D'abord en ce qui concerne les possibilités d'accès aux jeux. France Télévisions a opté pour un modèle «freemium»: «Nous tenons à ce que tout le monde puisse jouer au moins une fois par jour gratuitement», insiste Pierre Mathieu. Sur le site de TF1, une partie quotidienne n'est offerte que pour les jeux présents dans le même temps à l'antenne. Or, en ce moment, aucun ne l'est! D'où, Claude Charpin le reconnaît, une «baisse de la fréquentation».
Autre différence de taille, le contenu. Chez TF1, on parle de «jeux de loterie remboursables avec dotations». En clair, du divertissement avec récompense sonnante et trébuchante à la clé, ce que résume bien l'accroche du site: «Jouez comme à la TV et gagnez des euros.» Au contraire, les jeux dérivés de France 2 et France 3 sont uniquement des quiz de culture générale, qualifiés de «jeux intelligents». Un positionnement qui peut se retourner contre le groupe public: début mars, une nouvelle version de Questions pour un champion en ligne est lancée, plus accessible afin d'attirer davantage d'adeptes. Aussitôt, la protestation enfle: de nombreux joueurs réclament le retour de l'ancienne mouture, plus fidèle à l'émission. «Évidemment ça nous pose un problème. Nous n'avons pas du tout envie de perdre des joueurs», explique Pierre Mathieu.
Soutenant que cette version a tout de même conquis de nouveaux internautes, il affirme travailler à quelques changements: des questions plus difficiles réinsérées, d'autres proposées par les internautes eux-mêmes, ainsi qu'un retour des «masters». La nouvelle version, qui devrait sortir sur Iphone dans le mois qui vient, a également été introduite sur Facebook. Pas sûr que cela suffise à calmer les mécontents.
(Encadré)
M6, de l'ordinateur à la télé
M6 propose elle aussi de nombreux jeux sur un site mis en ligne à cet effet, mais très peu de déclinaisons de ses émissions. La chaîne se lance dans un projet de jeu TV connecté, en partenariat avec le site Skillstar. Détenu par la Société des bains de mer et LOV Group (Stéphane Courbit), ce portail propose de miser sur ses compétences pour affronter d'autres internautes et ainsi se qualifier pour jouer à la télé, mais depuis son canapé. Un modèle économique où le petit écran permet l'acquisition d'un public et le site sa conversion en joueurs payants. L'émission, testée le matin et la nuit, est diffusée sur M6 à partir du 21 avril.