Malgré l’écran interposé, Hanna Diraison et Alexis Dumont, respectivement directrice artistique et concepteur-rédacteur, paraissent intimidés lors de l’interview. Au fur et à mesure de l’échange, ce qui passait pour de la timidité se révèle être de l’humilité. Formés en école de commerce, tous deux se rêvent néanmoins créatifs et se rencontrent pour la première fois en agence de pub, à Rosa Paris. « 80 % de notre temps, on le passait ensemble à préparer nos sujets. Entre nous, ça s’est fait naturellement, je dirais même que c’est un bon match professionnel », explique Alexis. C’était en 2021 en stage. Une expérience qui se transforme vite en CDI, bien que leur profil ne ressemble pas à celui du créatif type. « Au début, n’être entouré que par des profils pub et donc très au fait de ce milieu te met une certaine pression », avoue Hanna. Mais de cette faiblesse est née une force. « Dans notre manière de réfléchir, nous prenons peut-être plus de recul. Au final, les DC se moquent de là d’où tu viens, ils motivent les jeunes et les forment », continue Alexis. Cette humilité se retrouve également dans la perception qu’ils ont l’un de l’autre. C’est bien la première fois qu’un créatif décrit sa coéquipière avec une qualité émotionnelle, la qualifiant en l’occurrence de « gentille ». « Bosser avec des connards talentueux, ça ne m’intéresse pas », lance Alexis. Ni timides ni fous furieux, ils se disent similaires et complémentaires. Et dans dix ans, où s’imaginent-ils ? « Nous sommes dans ce milieu depuis peu de temps et de ce qu’on voit, ça nous plaît. Pour l’instant, je veux y rester et si c’est avec Alexis, c’est encore mieux », indique Hanna. Si le milieu de la pub pouvait regorger de personnes comme elles, il s’en porterait sûrement mieux.
HappyVore. « Les temps changent, pas le plaisir de manger ».
« Ce film a été pensé comme une ode au barbecue entre potes. C’est un cocktail de ralenti, de musique épique et de bruitages. Nous voulions magnifier ce rite ancestral avec l’aide du réalisateur Jony Guedj. Les premières secondes du film induisent en erreur, puisque la scène ressemble à un barbecue traditionnel alors que ce sont des viandes végétales qui sont en train de griller. L’idée était de montrer que les temps changent mais pas la façon de manger. Nous ne voulons culpabiliser personne. Il y avait un peu de pression, car c’était notre premier film à l’agence et HappyVore est une jeune marque qui n’avait jamais fait de grosse communication. »
Ouigo. « Destination Quimper ».
« La marque low-cost de la SNCF ne va pas partout en France, mais elle va à Quimper et d’autres villes de Bretagne sur le chemin et Ouigo voulait communiquer là-dessus. On est partis du constat qu’avec le covid, ça n’a jamais été aussi compliqué d’aller en Grande-Bretagne, alors autant aller en petite Bretagne. De là sont nées pléthore d’expressions transformées pour l’occasion, en accord avec le ton humoristique et léger de la marque : “God save the kouign-amann”, “To biniou or not to biniou”, etc. En parallèle, nous avons fait appel à un illustrateur avec une direction artistique propre à la Bretagne en apposant des éléments iconiques. »
SNCF. « TGV Inoui ».
« Cette campagne était l’occasion pour la marque de repenser la charte graphique de sa plateforme qui auparavant était trop luxe. Pour ce faire, nous avons fait appel à la photographe Louise Carrasco, qui a réalisé des portraits de personnes auxquelles tout le monde pourrait s’identifier. Les photos s’accompagnent de phrases d’accroche, imaginées par plusieurs rédacteurs au sein de l’agence. Nous avions littéralement un Excel avec toutes nos meilleures accroches et les directeurs de création devaient élire les meilleures. C’était intéressant d’observer comment les autres travaillent et de voir ce qu’ils valent. »