La journée, Idriss Dabré revêt l'uniforme de directeur artistique chez DDB Paris. L'autre moitié de son temps, il la consacre à l'illustration. Et même à l'art en général. Ce touche-à-tout va au bout de ses entreprises.
Assis à une terrasse de café, abrité de la pluie parisienne, Idriss Dabré opte pour un cappuccino sans sucre. «J’ai repris le sport, il faut que je fasse attention.» Installé à Paris depuis dix ans, sa bougeotte semble s’estomper avec le temps. Natif de Côte d’Ivoire, il déménage au Burkina Faso avec ses parents –ils sont à moitié burkinabés, à moitié belges– où il grandira jusqu’à ses 18 ans. Le lycée terminé, la famille émigre vers la Belgique. Idriss Dabré adopte le plat pays, berceau de la bande dessinée. Avec un père architecte et une mère peintre, il a toujours baigné dans un milieu artistique et très tôt, il sait qu’il fera des études en illustration. Mais les réticences de ses grands-parents, également financeurs de ses études, face à ce choix, le poussent à trouver un subterfuge en choisissant l’option publicité-communication de l’école d’illustration Saint-Luc. «Mon grand-père lisait Forbes, il voyait dans la pub un métier d’avenir.»
Par la suite, il intègre l’école privée College Advertising Design et se spécialise en design d’interface. Les stages s’enchaînent mais il se rend vite compte que travailler en Belgique ne sera pas une option. En cause, la langue néerlandaise quasi obligatoire. «J’ai répondu à une annonce pour être directeur artistique junior dans une agence de pub digitale, Vanksen. Le problème est qu’elle possédait (elle n’existe plus) des bureaux en Belgique et à Paris. Du coup j’ai été pris pour celle de Paris alors que je pensais postuler pour la Belgique.» Son voyage initiatique continue cette fois-ci dans le monde des agences parisiennes avec des expériences chez Isobar puis Biborg pour finalement s'implanter chez DDB Paris.
Geek du dessin
À côté de ça, il ne néglige pas sa passion première, l’illustration. Il organise de temps en temps des expositions et avoue même créer son propre roman graphique. «Je suis un geek du dessin, c’est ma passion absolue. Je fais du modèle vivant tous les mardis. Aujourd’hui, je suis à fond dans le pastel mais il m’arrive de dessiner sur la tablette aussi.» Résultat d’une insatisfaction ou d’une dispersion, il aime toucher à tout.
À l’instar des pubards traditionnels, il puise moins son inspiration dans la pub et les séries que dans les jeux vidéo. Il compte parmi ses références les jeux Disco Elyzium, That Dragon, Cancer ou encore Enterre-moi mon amour. «Je trouve que les jeux vidéo indépendants rassemblent ce qui se fait de mieux dans les arts, que ce soit au niveau de l’écriture, de la musique, de la partie visuelle… À l’époque de la Renaissance, les peintres étaient considérés comme des artisans, dorénavant cet artisanat s’infuse dans le jeu vidéo. En France, ils ne sont pas assez considérés. Ce n’est pas chez Ruquier ou Hanouna qu’on parlera de game design, on préfère inviter les mêmes auteurs sur les plateaux», regrette Idriss Dabré.
Malgré sa richesse de profils, il préfère faire profil bas. Dans le métier de l'illustration, il est d’ailleurs plus connu sous le pseudo d'Iris d’Arbre. Adepte de cette maxime : «Mieux vaut faire ce que l'on a envie, à un moment des gens aimeront ce que tu fais», il s’est lancé le défi de monter son propre jeu vidéo. Ne manque plus que l'idée.