Marie Bordaz et Blaise Izard. Après s'être rencontrés en agence, ils ont monté leur boîte de production Badass en 2017. L'actrice Anna Karina, le philosophe Henri Bergson ou le réalisateur Bruno Dumont font partie de leurs références.
Anna Karina
M.B. « Cette idylle remonte à mes années d'études à la Sorbonne. Il y a beaucoup de cinémas à côté de la fac, je suis allée voir un film où Anna Karina jouait et je suis tombée amoureuse d’elle. Dans tous les films de Jean-Luc Godard, en particulier Une femme est une femme (1961), elle montre un charisme incroyable, c'est toujours un modèle. Elle était également très féministe. Un jour je lui ai écrit un mot d’amour, platonique évidemment, mais je n’ai jamais reçu de réponse. »
Henri Bergson
M.B. « J’hésitais entre Henri Bergson et Fiodor Dostoïevski mais par fidélité, comme je l’ai étudié en cours et que j’en suis devenue une réelle spécialiste, je vais dire Bergson. Ce philosophe a changé ma vie, il a été un énorme frisson. Sa philosophie est géniale, sa métaphysique repose autour du mouvement, expliquant grossièrement que rien n’est fixe. Elle continue la thèse du philosophe grec Plotin. Pour nous qui faisons partie du monde de la production publicitaire, un domaine très fermé, c'est intéressant de voir comment Bergson a souhaité rendre sa philosophie accessible. Finalement ce ne sont pas les mots, ce sont les musiques de son écriture et de sa pensée que l'on retient. »
Bruno Dumont
B. I. « J’ai découvert ses films sur Arte. On est loin du cinéma grand public, ses films ne sont pas forcément faciles d’accès mais c’est un cinéma lent, un peu comme celui d'Abdellatif Kechiche et ça fait du bien une fois qu’on est dedans. Bruno Dumont dépeint son pays, le Nord de la France, en montrant des endroits un peu paumés, des bleds jamais vus à la télé, comme des tableaux froids. Dedans, il met en scène des anti-héros incarnés par des non-comédiens qui subissent la dureté de la vie, à l’image de Céline dans son livre Voyage au bout de la nuit. Je trouve intéressant ce travail régional, son travail est naturaliste. »
L'expression
B. I. « Je suis toujours attentif à la manière dont les gens s’expriment. Leur phrasé, les expressions, les tournures de phrases... Quand j'entends mes parents, mes grands-parents ou même quand je regarde les émissions des années 80-90, cela me donne une idée de l'époque. Il existe des personnes bluffantes dans leur maîtrise oratoire, ça peut être des hommes et des femmes de lettres, politiques… Sur les tournages par exemple, en fonction de nos interlocuteurs, nous adaptons notre langage, notre posture... Notre métier demande également cette adaptation, c'est notre côté caméléon. »