À l'âge de 14 ans, Hamadou Frédéric Balde perd son père. Suite à cela, il est coupé de sa famille paternelle. Quelques années plus tard, il décide de la retrouver et de filmer ce moment. «J’ai montré le montage de ce film familial à mon pote Jean-Pierre Seck, il était assistant rédacteur du magazine L’Affiche. Il a adoré et m’a encouragé à continuer.» Il se lance alors à tâtons en tant que directeur de la photographie. En 2007, il s’envole pour New York, ville d’opportunités et de spontanéité. Il met à profit ses acquis sur des clips de musique, intègre la NYU pour fignoler son apprentissage, et finit par prendre définitivement la voie de la réalisation. En 2010, sous Obama, il s’engage auprès des États-Unis et devient citoyen américain.
En 2019, la Art Basel de Miami lui propose d’exposer son travail pendant un an. Il accepte et en profite pour s’y installer. Mais la situation avec Trump, doublée de la pandémie mondiale, aura raison de son amour pour son pays d’adoption. «En août 2020, la plateforme de rencontres Badoo me propose de réaliser une campagne. J’ai saisi l'occasion pour rentrer à Paris et lui donner une seconde chance.» Il concède que la capitale a évolué en dix ans, qu’elle préserve ce côté humain non palpable aux États-Unis. «J’hésite à rentrer définitivement. L’idéal serait d’avoir un pied en Europe et un pied aux USA.»
Beyoncé et Jay-Z fans de lui
Certains pourraient voir de la contradiction chez cet homme en perpétuelle réflexion, quand lui y trouve un équilibre. «Je suis né à Paris d'un père Peul de Guinée-Bissau et d'une mère franco-vietnamienne de Saigon. J’ai deux prénoms, Hamadou par mon père et Frédéric par ma mère.» Une double culture dont il a fait sa force et un métissage dans lequel il a trouvé une certaine sérénité. Un sentiment qu’il souhaite partager avec son projet de vie et visuel, Born In Translation, un livre qui brosse des portraits de personnes métisses. La prochaine étape serait de développer ces interconnexions au travers d’un court-métrage.
Le réalisateur ne se pose aucune limite, en témoigne ses travaux éclectiques: court-métrages, clips, photos, campagnes… «Je suis très curieux, c’est dans ma nature et cela se répercute dans mon travail. Pourtant je n’ai aucun plan de carrière. C’est peut-être pour cela qu'un jour je me suis retrouvé aux côtés de Beyoncé et Jay-Z. Je tournais pour une chanteuse un clip avec peu de budget qui a été envoyé en montage à Parkwood Entertainment, la société de Beyoncé. Ils ont adoré ce que j’ai fait et m’ont proposé au détour d’un texto de suivre leur tournée pendant trois mois dans toute l’Europe». Une aventure qui prouve qu’il n’a plus rien à prouver.