Engagez-vous, qu’ils disaient ! Les gens en ont plein la bouche, les boîtes mail en dégueulent : l’engagement partout, pour tout le monde. Telle marque de poulet renforce son « engagement soja », telle gamme de prêt-à-porter présente son « engagement fashion »… Que d’énergie engagée ! L’apothéose semble être atteinte avec la loi Climat, qui provoque un embouteillage d’engagements chez les organismes professionnels. Attention, mesdames et messieurs ! Après la « bienveillance », les « talents », la « résilience », au grand jeu de dévoiement, il semble qu’on tienne un futur champion ! Engagez-vous, vous verrez du pays ? Les managers de tout poil semblent en tout cas se gargariser à mort de l’amorce « Je m’engage… » - souvent employée de manière anaphorique à la « Moi, président… » de Hollande. Ça donne un petit côté héroïque, homme de parole à la Jean Gabin, à la Lino Ventura, sans doute. Mais on serait sans doute bien inspiré de se souvenir du destin de la pauvre « bienveillance », essorée de toutes parts, qui lorsqu’elle est revendiquée, fait aujourd’hui redouter les pires dérives humaines, mâtinées de harcèlement moral. La nouvelle scie de l'engagement, elle aussi, commence presque à susciter la méfiance. « Je m’engage… » prend quasi les accents d’un boniment de margoulin super madré. On le sait, pourtant : les promesses n’engagent que ceux qui y croient.