Le septennat de Valéry Giscard d’Estaing a été marqué par l’affaire des diamants, sortie par le Canard enchaîné en octobre 1979. C’est sa reprise à la Une du Monde, le lendemain, qui lance l’affaire alors que le chef de l’État lui oppose, dans un premier temps, un silence total. « Dans la foulée de cette affaire, il me demanda un jour de monter dans son bureau, à l’Élysée, témoigne Pierre Hunt, porte-parole de l’Élysée de 1978 à 1980. C’était pour me montrer des photos du château de Touraine qu’il avait acheté en viager. Je pensais qu’il allait me parler de l’affaire des diamants car j’étais dépourvu de tout élément d’explication. Mais il ne songeait pas à se défendre tant il pensait que cela sonnerait comme un aveu de culpabilité. C’est ce qui l’a aveuglé ».
Il faut attendre, le 27 novembre, l’émission Une heure avec le président de la République, sur Antenne 2, pour qu’Alain Duhamel, en compagnie de Jean-Pierre Elkabbach et Gérard Saint-Paul, l’interroge sur ce cadeau de Jean-Bedel Bokassa, président de la République centrafricaine, lorsqu’il était ministre des Finances. Il répond avec hauteur en opposant un « démenti catégorique et j'ajoute méprisant » à la question de Jean-Pierre Elkabbach sur leur valeur (« 100 millions de centimes »). Selon Le Point du 22 mars 1981, qui a consulté la comptabilité des cadeaux officiels à l’Élysée, les diamants ont été vendus pour la somme de 114 977 francs remise à des œuvres de bienfaisance centrafricaines.
Lire aussi : Retour sur les coups de com de VGE
À l’occasion de son interview, Giscard déclare qu’il avait la possibilité en tant que président de la République, de poursuivre les journaux mettant en cause son honneur et sa dignité, comme l’autorisait l’article 26 de la loi sur la presse de 1881. « Cette loi, le général de Gaulle l’a utilisée 118 fois et Georges Pompidou pendant la durée plus courte de son mandat 17 fois ; je ne l’ai pas utilisée une seule fois ». Les diamants, qui pouvaient être considérés comme de l’enrichissement personnel, ont ensuite été banalisés a posteriori par le secrétariat de l’Élysée parmi les présents que reçoit le chef de l’État.
Pierre Hunt raconte aussi que les grands événements ne sont pas relatés alors en direct par le porte-parolat de l’Élysée, tant l’action politique et la communication étaient pour lui scindées. Lors d’un voyage en Guadeloupe en 1979, devant 200 journalistes, avec ses homologues Jimmy Carter (États-Unis), Helmut Schmidt (RFA) et James Callaghan (Royaume-Uni), il s’entend répondre à propos de l’installation de lanceurs de missiles russes en Europe : « Contentez-vous de généralités ». « Je donnais donc des détails sur le menu, ajoute l’ancien porte-parole, sur l’emploi du temps, sur le fait que les chefs d’Etat et de gouvernement étaient allés se baigner… En réalité, la décision qui fut prise, et qui n’a pas été rendue publique à l’époque, était celle de permettre l’installation des fusées Pershing en Europe ».
Création de la CNIL et classification des films X
Sur le plan de l’exploitation cinématographique, le septennat de VGE est aussi un coup de frein à l’expansion en France des salles de cinéma spécialisées dans les films érotiques et pornographiques. Une loi de décembre 1975, abrogée en 2009, taxe plus fortement ce genre de films avec une TVA majorée et un prélèvement de 20% pour soutenir les œuvre dites « de qualité ». Un classement X est décidé – sans préciser véritablement ce qui en relève. Il est attribué par une commission du classement des œuvres cinématographiques du Centre national du cinéma. Cela a pour conséquence de réduire fortement le nombre de salles diffusant des films pornographiques.
Mais c’est surtout la création de la loi Informatique et liberté, du 6 janvier 1978, qui marque durablement l’entrée de la France dans un régime de protection des données personnelles. Destinée à empêcher l’informatique de procéder au fichage des individus, cette loi a donné naissance à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Elle a ensuite inspiré la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des données de 1981, puis toutes les législations européennes jusqu’au Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’Union européenne.
Sur la plan de la libéralisation des ondes, en revanche, il faut attendre 1981 et l'arrivée au pouvoir de François Mitterand, pour que soit mis fin au monopole de l'État sur l'audiovisuel. Si Valéry Giscard d'Estaing a fait voler en éclat l'ORTF, il n'a pas touché à la prérogative de la puissance publique dans ce domaine. RTL, Europe 1, RMC et Sud Radio sont alors qualifiées de radios périphériques car leurs émetteurs se trouvent au Luxembourg, dans la Sarre, à Monaco et à Andorre. Bref, en dehors du territoire national. Elles échappent au contrôle de l'État, tout au moins aussi longtemps que des annonceurs proches de la sphère d'influence publique ne s'y opposent pas.