Journaliste à l’Agence France-Presse depuis 12 ans, Jessica Lopez a été nommée adjointe à la rédaction en chef centrale chargée des principes rédactionnels et de la diversité. Un nouveau poste dont elle nous explique les teneurs.
Pourquoi l’AFP a-t-elle créé ce poste de chargé de la diversité ?
J’ai été chargée d’une mission l’année dernière, qui consistait à étudier les moyens possibles pour améliorer la représentation des femmes et de la diversité dans nos contenus. J’ai interrogé des journalistes de l’agence, des journalistes d’autres médias, et j’ai rédigé un rapport sur les pistes possibles pour améliorer la situation. J’ai fait ce travail sur six mois et l’une de mes recommandations a été retenue : celle de créer un poste afin de pouvoir avancer en mettant en place des outils d’amélioration sur cette représentation des femmes et de la diversité dans nos contenus. L'AFP a ouvert ce poste, j’ai candidaté et je suis heureuse de l’avoir obtenu.
Quand vous parlez de diversité, qui visez-vous ?
L’AFP, c’est 2 400 salariés, qui sont répartis dans 151 pays, donc on envisage la diversité de façon extrêmement large et riche. La diversité regroupe le handicap, mais aussi les questions d’âge, d'origines ethniques et la question des classes sociales. On veut faire en sorte que la rédaction de l'AFP ressemble à la société dans laquelle on vit, mais aussi nos productions, pour qu'ils parlent au plus grand nombre.
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En quoi votre nouveau travail va-t-il consister ?
Il y a deux choses. Pour commencer, il y a les pratiques rédactionnelles, qui vont plutôt s’attacher à notre outil intitulé « Le manuel de l’agencier », qui regroupe tout un tas de règles rédactionnelles. Comment écrit-on ? Sur quel sujet ? Donc mon rôle va consister à animer ce manuel pour rajouter des mots. Et puis au sujet de la diversité, il va y avoir des formations. On va mettre en place des indicateurs, et approfondir la question sur la présence des femmes dans nos contenus. Mon travail consistera aussi à faire un suivi éditorial, être une personne-ressource sur ces sujets, pour la rédaction.
Est-ce qu’il y a la parité à l’AFP ?
On est 41% de femmes. Il y a un an, l’AFP a créé un comité de diversité, composé de 14 journalistes dans le monde entier, qui s’attache à la diversité dans les ressources humaines et dans nos équipes. Donc vraiment, on va essayer de travailler main dans la main. Ce comité est justement là pour essayer d’enrichir la variété des profils dans les effectifs mais aussi dans l’encadrement. Mon souhait est d’arriver très vite à 30% d’expertes. Aujourd'hui, plus de 7 personnes citées sur 10 dans nos dépêches sont des hommes. Je pense qu’il fallait un moteur pour impulser le mouvement. Les journalistes ont plein de choses à faire, ils n’ont pas toujours le temps de penser à ça. Je trouve que c’est bien de leur donner des solutions pour s’améliorer.
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En quoi ce poste dédié à la diversité peut-il permettre de faire avancer les choses ?
C’est un travail de très longue haleine. Le principal constat du rapport, c’est que les choses n’évoluent pas assez rapidement. On sait depuis longtemps que les femmes sont sous-représentées dans les médias. On sait depuis longtemps qu’il y a beaucoup de personnes qui ne se reconnaissent pas dans les médias, qui ne s’informent plus et qui ne veulent plus s’informer. J’espère qu’avoir quelqu’un qui va être dédié quasi-full time à ces questions, ça va permettre de mettre en place des choses et de sensibiliser la rédaction à ces questions.