Médias

Après Radio France, ce sera au tour du groupe TF1 de présenter, le 27 septembre, sa « feuille de route pour le climat ». Retour, avec la plateforme de veille média Tagaday, sur le traitement d’un été de canicules et d’incendies où le lien avec le dérèglement médiatique apparaît encore timide.

Incendies, sécheresses, canicules terrestres ou maritimes… La France a connu cet été des événements météo extrêmes qui ont suscité leur lot d’images et de reportages. Mais les médias en ont-ils profité pour aller plus loin dans l’explication autour du réchauffement climatique ? Ont-ils seulement établi des liens de causalité ? Une étude Tagaday, réalisée pour Stratégies sur la période allant du 1er juin au 31 août, permet de se faire une idée. Si un sujet sur vingt-cinq était consacré à ces événements en TV, radio, web et presse, ce qui représente une pression médiatique importante de 4 points, 7 % seulement de ces articles faisaient le lien avec le dérèglement du climat.

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Un score, donc, encore marginal, mais qui fait mieux qu’en 2019 (5 %), où des épisodes caniculaires avaient aussi été observés. « C’est une augmentation de 28 %, précise Aday, qui a réalisé l’étude. Parmi 352 750 citations, ce sont les papiers sur les records de chaleur qui sont les plus associés au dérèglement climatique ». Mais le service constate aussi une prise de conscience progressive en août du fait d’articles s’intéressant au traitement médiatique de cet été très chaud (Le Monde, Le Parisien…), de polémiques sur les réseaux sociaux et d’une sensibilisation accrue à la question dont témoigne un sondage BVA (un Français sur cinq déclarant avoir pris conscience cet été des enjeux climatiques).

L’illustration est aussi devenue une question à part entière depuis que des journaux comme Libération, sous la pression des internautes, se sont interrogés sur les raisons pour lesquelles les épisodes caniculaires étaient visualisés par des photos de bronzage, de famille à la plage ou d’enfants s’aspergeant d’eau. Le 14 septembre, avec l’organisme de formation Samsa, une charte « pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » sera présentée avec les « meilleures pratiques pour améliorer le traitement ». On y retrouvera des journalistes de France TV, RFI ou Reporterre…

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« On doit réfléchir à ça, reconnaît Christelle Chiroux, directrice adjointe de l’information du groupe TF1 chargée de la médiation et de la RSE. Les médias ont pris conscience que c’était des sujets majeurs. On a traité les incendies, sécheresses et fortes chaleurs mais on a aussi fait de l’analyse et de la prospective pour aller plus loin ». Le groupe s’efforce donc d’accompagner ses journalistes. Depuis un an, une centaine de ses collaborateurs ont participé à la « fresque du climat », un atelier ludique avec 42 cartes sur les causes et les conséquences du réchauffement. Mais le 27 septembre, il entend en faire davantage avec Imagine 2050 et sa fondatrice Magali Payen. L’idée ? Coconstruire une formation donnant notamment sa place au journalisme de solutions « pour ne pas être que sur les aspects négatifs ». Et créer un comité d’experts sur le modèle des femmes « expertes ».

« Il va falloir qu’on s’empare du sujet de façon visible », estime Guillaume Debré, adjoint au directeur de la rédaction de TF1, qui rappelle qu’à la différence des chaînes d’info, la Une réalise des séries de reportages sur les grandes questions climatiques (hausse du niveau de l’océan en terres australes par Michel Izard, par exemple). Mais au fait, faut-il parler de réchauffement, de dérèglement ou d’urgence climatique ? « Urgence a une connotation un peu politique, juge-t-il, nous sommes, nous, sur des sujets explicatifs. »

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De son côté, Catherine Nayl, directrice de l’information de France Inter, refuse tout « lexique obligatoire », mais estime que le mot « urgence » n’est « pas spécifiquement politique » et peut s’adapter à la problématique. Pour elle, il y a « une forme d’engagement » qui s’exprime à travers deux journalistes environnement (sur 100) mais aussi l’implication sur ces questions des services politique et économique, par des journées spéciales, un billet d’Hugo Clément le mercredi à 7 h 20, une chronique de Sandy Dauphin le vendredi… Le mot d’ordre est désormais de décantonner l’écologie. « Il y a une prise de conscience pour changer de braquet », note-t-elle.

Même conviction affichée du côté de Franceinfo où Jean-Philippe Baille, son directeur, s'avoue frustré que les questions climatiques n'aient pas été au coeur de la campagne présidentielle. Lui aussi revendique une « forme d’engagement » avec un billet science centré sur l'environnement ou la chronique de dix minutes Un degré de conscience le week-end « un peu plus engagée, je ne dis pas militant », précise-t-il. Multidiffusée, à la fois en en podcast, sur Twitch et les réseaux sociaux, elle est animée par la journaliste Salomé Saqué et la scientifique Emma Haziza. Mais Franceinfo veille aussi à déplacer deux fois par mois sa tranche de 12h-14h sur le terrain, comme ce 8 septembre où Frédéric Carbone est allé dans le marais poitevin pour revenir sur la sécheresse mais aussi mettre en avant les initiatives.

La station donne à cette occasion son coût en carbone (transports, repas..). « S'il faut le généraliser, on le généralisera », note son directeur, qui est en train de nommer un « référent environnement » dans tous les services.

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Globalement, Radio France veut diminuer de 40% son bilan carbone d'ici 2030. Le groupe a annoncé un « tournant environnemental » avec « parce qu'il y a urgence », dixit sa PDG Sibyle Veil, un « axe éditorial majeur » sur la « crise climatique ». En ce sens, il va former durant trois ans à raison d’une vingtaine d’heures près de 1 000 salariés - dont 800 journalistes - qui n’ont « pas de background scientifique ».

Le 27 septembre, tous les salariés sont déjà invités à entendre au studio 104 des auteurs du GIEC. « On a appris la langue du numérique, il faut apprendre celle des défis du climat, souligne Vincent Giret, directeur de l’information du groupe, si on veut que des journalistes en direct puissent réagir à une bêtise. »

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