Le cofondateur et directeur du festival Visa pour l'image revient sur les grandes actualités de la semaine.
Les grandes tendances du festival Visa pour l’image 2022 ?
Il y a évidemment la guerre en Ukraine. Elle est au centre des productions et nous lui consacrons quatre expositions. L’une d’elles met en lumière le travail de Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka, deux photographes de l’Associated Press, qui ont été présents dès l’invasion de Marioupol ce printemps et ont été les deux derniers photographes à quitter la ville en mars 2022. Ils sont venus et nous avons été très émus de les recevoir. Ils ont d’ailleurs reçu le Visa d’or dans la catégorie News.
Lire aussi : À Visa pour l’image, les photographes visent la nature fragile
Le climat qui devient un objet de traitement médiatique.
Les enjeux climatiques, liés aux développements durables, à la préservation des océans et à l’industrialisation de la pêche, donnent lieu à de nombreux clichés. L’écologie est au centre de nos préoccupations et du travail de nombreux photographes. L’ampleur des incendies de l’été nous montre que la menace se rapproche. Comme le disait Jacques Chirac, lors du IVe Sommet de la Terre, en 2002, « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Une photo peut aider à prendre conscience d’une réalité. Je n’aurai jamais la prétention de dire qu’une photo peut changer le monde. Mais si l’on arrive à éveiller les consciences, alors nous aurons gagné notre pari !
Lire aussi : Une rentrée enflammée
La photographie comme support d’éducation aux médias
Du 12 au 16 septembre et du 19 au 23 septembre, les expositions restent aux groupes scolaires (sur inscription). 20 000 jeunes sont inscrits à Bordeaux, Cambrai, Toulouse ou Montpellier, contre 10 000 l’année dernière. Ils pourront assister à des conférences sur la façon dont on construit une histoire en image, l’intérêt d’une légende, le recoupement des sources pour les photographes. Les expositions seront commentées par Maéva Bardy, Lucas Barioulet, Valerio Bispuri, Jean-Claude Coutausse, Tamara Saadé ou Frédéric Joli (porte-parole du CICR en France).
Les difficiles conditions de travail des photojournalistes.
La paupérisation du photojournalisme est un sujet inquiétant. Les reportages photos sont de moins en moins bien payés par des journaux dont les revenus publicitaires sont en baisse. Ce sont toujours les budgets photos qui trinquent en premier. Donc il y a moins de sujets publiés sauf quand il s’agit de célébrités ou des princesses. Seuls Paris Match ou Le Figaro Magazine continuent à produire des sujets et de qualité. Même si avec la guerre en Ukraine, cette année, les journaux ont davantage (re)publié de photos d’actu.
Lire aussi : Les photographes de presse s'agacent de leurs conditions de travail
La rentrée des radios et télés.
Hormis Ambre Chalumeau dans Quotidien et Sonia Devillers sur France Inter, je regarde peu la télé et écoute peu la radio. Je suis surtout un lecteur de la presse française et internationale. Je suis admiratif de la rigueur dont fait preuve la presse anglo-saxonne. J’ai salué non pas l’erratum mais la double page d’excuses qu’a publiée le New York Times au sujet des dires du gouvernement américain sur les armes chimiques en Syrie et en Irak. La rigueur de l’info y est exemplaire et leur couverture de la guerre en Ukraine est un modèle du genre.
Lire aussi : Quelles nouveautés à la radio en cette rentrée ?
Le projet de fusion entre TF1 et M6.
Si cette fusion pouvait aboutir à des programmes de meilleure qualité, cela serait une chance pour les téléspectateurs.
Lire aussi : Semaine décisive pour la fusion TF1-M6
Le traitement médiatique de la mort de Mikhaïl Gorbatchev.
Me reviennent en tête les clichés de lui avec Margaret Thatcher, Ronald Reagan ou le « baiser de la mort » en octobre 1989 avec le président est-allemand Erich Honecker. Nous avons projeté ces images lors du festival. C’était un grand monsieur à qui l’on doit la perestroïka et la glasnost. Pour les Russes, c’est un héros ou un traître. À mes yeux, c’est un héros et il n’a pas eu le prix Nobel pour rien.
Lire aussi : Quand Gorbatchev vantait les mérites de Pizza Hut