Portrait

Cet enfant de Nova, programmateur de Rock en Seine, est devenu le directeur de Fip. Portrait de Ruddy Aboab, un enthousiaste qui veut resserrer les liens entre l’antenne et ses auditeurs.

Il est des parcours plus chanceux que d’autres. Son premier CV, Ruddy Aboab l’a rédigé à 40 ans. Il a rencontré Didier Varrod, le directeur musical de Radio France, lors de Rock en Seine en 2020, dont il assurait la programmation depuis trois ans. « Un coup de foudre professionnel, assure Ruddy Aboab, alors responsable de la musique de Nova. On y a programmé Sébastien Tellier, Alain Souchon et Philippe Katerine. On partage la même idée de la diversité musicale. On est devenus amis ». À l’automne dernier, Didier Varrod a pensé à lui pour être directeur de Fip et succéder ainsi à Bérénice Ravache, partie sur France Bleu. Ruddy Aboab a donc bossé son premier CV avant ses entretiens avec Dana Hastier et Sibyle Veil, les numéros 2 et 1 de la maison ronde. « Je l’ai écrit sous la forme d’une histoire ». Celle d’un jeune homme né à Nice, « dans un environnement familial très chaleureux et aisé ». Deux sœurs, des parents juifs algériens qui travaillent dur dans l’industrie pharmaceutique. La vie niçoise, entre baignades et cours de tennis est douce. « Mais je remercie mes parents, de nous avoir emmenés à Paris », poursuit-il.

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Sur sa longue silhouette se côtoient un éternel foulard en soie Hermès et des bagues plus punk. L’une porte le tag-graffe « Lusid », qu’il reproduisait partout jeune homme. Sur l’autre est inscrit « RAJE » : l’initiale de son prénom, celle de sa femme, galériste aux puces, de leur fils de 9 ans et de leur fille de 2 ans. Ado, il fait du hip-hop son trait d’union avec ses copains. Il écoute Skyrock et Nova en boucle. « Dans mon école de communication, j’ai picoré des bases : culture, médias, économie, finance, géopolitique. Mais à la sortie, je ne savais pas quoi faire. J’aimais la mode, la musique, la radio et la presse », explique Ruddy Aboab.

À la Samaritaine, où il travaille, il croise un boss de Radio Nova. « Je suis un enfant de votre radio. J’y ferai ce que vous voulez », lance-t-il. Banco ! Ce sera assistant marketing avant de gravir tous les échelons en vingt ans. Aujourd’hui, il veut mieux faire connaître Fip, qui sera audible par 86 % des Français en 2028 via le DAB+ contre 28 % aujourd’hui. Il veut tisser des liens plus étroits avec les auditeurs autour d’apéritifs, d’événements, de partenariats avec des festivals, ou de rencontres. On le sent fier de diriger la station dont Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, est un inconditionnel. « Fip est la meilleure alternative aux plateformes de streaming, note-t-il. Ecoutée à 62 % en régions, elle ressemble à un atelier de tissage de haute couture avec 350 morceaux par jour et 2 000 par semaine, diffusés en direct de 7h à 23h. Tous les genres sont diffusés toutes les deux heures. Le même morceau ne passe jamais deux fois dans la journée ». Même pas Oiseau de Laurent Bardainne et Tigre d’eau douce, chanté par Bertrand Belin. Un des coups de cœur de l’année de ce drôle de volatile, pétri d’intuition, d’énergie et d’envie.

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Parcours

1980. Naissance.

1998-1999. Après un Bac ES, prépa HEC.

2003. Décroche son diplôme de l’école de communication Iseg.

2003-2021. D’assistant marketing à directeur de la musique, il franchit toutes les étapes.

2017-2021. Programmateur du festival Rock en Seine.

Janvier 2022. Directeur de Fip.

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