L'ex-contestataire aux pantalons afro Arnaud Aubron est devenu un spécialiste ès drogue et le directeur du site Le HuffPost. Il est aussi chargé de développer la diversification du quotidien Le Monde.
Décevoir son père n’est pas forcément rater sa vie. René Aubron, ex-prof de math entré chez IBM en 1968, avant de créér son entreprise d’informatique, a fait grise mine quand il a vu son fils Arnaud, diplômé de Sciences Po et de l’école de journalisme de Strasbourg, choisir la presse : « Au début, il était triste parce que j’ai commencé à Libé et il n’aimait ni les journalistes, ni les gens de gauche », sourit Arnaud Aubron au cœur de la cafétériat du groupe Le Monde, en lisière de Seine, à Austerlitz. L’homme a le rythme et les idées vives. Spécialiste des réponses aux mails et textos sur l'instant. Il a l’allure sobre et dynamique du quadra manager, costume sombre et baskets blanches. Mais ses poignets s’égayent de bracelets de boules exotiques, et ses doigts, de bagues en argent. « J’ai grandi à Palaiseau, la banlieue la plus moche de France selon Télérama qui l’avait choisi pour illustrer un dossier sur le sujet. J’ai longtemps eu un truc un peu revendicateur. À Sciences Po, j’étais décalé ne serait-ce que vestimentairement avec mon poncho, mes pantalons en tissus africains, mon collier d’os et mes cheveux longs. J’ai normalisé tout cela depuis ».
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Entré à Libération en CDD, il y reste neuf ans. « C’était une école incroyable, même s'il y a eu cinq plans sociaux pendant cette période ». Il s’en va avec Pierre Haski, Laurent Mauriac et Pascal Riché, pour fonder le site Rue89 : « Une aventure géniale ». Chacun d'entre eux tient déjà un blog sur sa marotte. Lui, ce sont les drogues : « C’est l’un des rails de ma vie », s’amuse-t-il. Mais il ne concède avoir donné de sa personne sur le sujet que pour un article de Libération sur les coffee shops à Amsterdam. Devenu spécialiste du digital, il rejoint Les Inrocks à la demande de Matthieu Pigasse et Louis Dreyfus pour propulser le site. « Ce journal portait une grande ambition et cela a été une grande désillusion », tranche-t-il. L’attelage qu'il devait former à l'arrivée d'Audrey Pulvar n’a pas fonctionné. Il en a fait les frais. C’est peut-être le seul gadin de son parcours.
Louis Dreyfus le rappelle au sein du groupe Le Monde. À la tête de Courrier International pendant neuf ans, il fait culminer les abonnements numériques à 68 000. Maintenant en charge du HuffPost, il développe aussi la diversification du quotidien du soir. Il a piloté et créé en six mois le site Le Monde in english, déclinaison en digital et en anglais du quotidien. À partir de l'automne, l'appli proposera de pouvoir lire ou passer de la version française à la version anglaise comme sur le site. Il gère les contrats avec les agrégateurs de presse Cision et Proquest, la régie Outbrain et développe des projets dans l’audiovisuel. Face à un chiffre d’affaires de plusieurs millions d'euros, un mini-panneau de basket suspendu dans l’open space n'est pas de trop pour faire des pas de côté.
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Parcours
1996. Dîplomé de Sciences Po Paris.
1998-2007. École de journalisme de Strasbourg, puis Libération.
2007. Cocrée Rue89.
2009-2012. Rejoint Les Inrockuptibles.
2012-2017. Consultant web et brand.
2013. Après en avoir été le consultant, devient directeur de Courrier International.
2021. DG du Huffington Post et directeur du développement du Monde.
