Le portrait

L’auteur de Nicolas Canteloup est devenu la valeur montante de la matinale de RTL et de l'émission de Laurent Ruquier « On est en direct » sur France 2. Il y livre des tacles bien sentis face aux invités politiques.

Il est « le deliveroo de la vanne » selon sa propre expression. À 50 ans, Philippe Caverivière réussit la prouesse d’être le coauteur de C Canteloup tous les soirs sur TF1, tout en étant l’humoriste de RTL à 7h50 et celui de Léa Salamé et Laurent Ruquier dans On est en direct sur France 2 le samedi soir. Il fait face dans ces deux exercices aux invités notamment politiques qu’il ne ménage pas. À Emmanuel Macron, il n'hésite pas ainsi à parler de McKinsey ou de Poutine... qui pourrait lui refiler du polonium pour les journalistes impertinents.

Qui dit triple casquette dit triple bureau. Pourtant, c’est sur une péniche amarrée sous le musée d’Orsay qu’il a préféré nous donner rendez-vous, non loin de son domicile. Il arrive de son scooter, mine de sudiste, dégaine relax et passe-partout. Les tatouages en couleur sur ses avant-bras sont cachés sur ses épaules par un tee-shirt de l’association Léo, dédiée aux cancers pédiatriques. Depuis quatre ans, il la soutient cœur et âme en souvenir de sa sœur décédée à 7 ans. « J’ai un frère de 12 ans mon aîné. Je suis le petit dernier, celui à qui on permet tout surtout après un drame pareil », raconte-t-il rapidement. Il est l’enfant clown, celui qui a tenté d’être un pansement. « J’ai fait le con pour dissoudre la tristesse. » Sa famille, très modeste, est installée à Montbéliard avant de rejoindre Marseille et La Ciotat. « J’ai été gavé d’amour mais on n’avait pas beaucoup de moyens. »

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Chez lui, on respecte la culture : « On se taisait quand Simone Veil parlait, on écoutait Jean d’Ormesson et on regardait Bernard Pivot. » Son père est ouvrier spécialisé et sa mère ouvrière dans une chocolaterie. Elle se consacre ensuite à sa grand-mère, atteinte d’une tumeur au cerveau, qui vit avec eux. « C’était ma mère la chef. Elle avait beaucoup d’humour, un humour cinglant. » Jean-Marc Dumontet, son producteur, le décrit ainsi : « C’est un type charmant, plein d’empathie. On ne le voit pas venir parce qu’il semble un peu inoffensif mais il est sans état d’âme et peut sortir des trucs très violents. Il est très drôle dans l’instantané et doit développer sa capacité de répartie et de rebond en se faisant confiance. » Une marge de progression toute tracée pour celui qui a fait des pas de géant depuis le Club Med.

C’est là que tout commence en 1993. Après un bac B « avec une petite mention » et un BTS d’action commerciale option import-export, la perspective de vendre des voitures fait fuir Philippe Caverivière. Un copain le pistonne pour entrer au Club Med. « Quand on vient d’un milieu populaire, c’est la promesse d’avoir accès à des lieux de milliardaires, de faire du golf à Punta Cana ou de la plongée sur les bords de la mer Rouge. » Son premier poste est à Dieulefit, près de Montélimar. « La moyenne d’âge d’un Ehpad. Mais je rencontre Nicolas Canteloup, coup de chance », dit-il, ses bracelets en pierres naturelles s’agitant sur ses poignets. L’homme est superstitieux. Il sort de son sac son komboloï acheté à Mykonos, dont il égraine les perles pour s’apaiser. Il dégaine aussi sa trousse, à faire pâlir les papeteries addicts. « J’ai des stylos de toutes les couleurs, rit-il. Tous ces objets me permettent de faire de bonnes chroniques. J’ai découvert que ça me fait un point commun avec Jean-Loup Dabadie, mon idole, dont les brouillons étaient multicolores et la table de travail aussi bordélique que la mienne. »

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Retour à Dieulefit. Nicolas Canteloup, son chef des sports, assure les spectacles le soir. « Il prenait des bides devant douze personnes, même si c’est un bon animateur. Il m’a demandé si je savais comment on faisait des spectacles. Je me suis souvenu que Coluche, qui était sur Europe 1, expliquait qu’il épluchait la presse tous les matins. On s’y est collés. » Avec succès. La saison passe, le destin les sépare… Cinq ans de Club pour Caverivière, puis il bifurque dans l’immobilier avant de voir, un samedi soir, Nicolas Canteloup à la télé chez Patrick Sébastien. Il le rappelle et devient son auteur. Cela fait vingt ans. Dont seize sur Europe 1 et onze sur TF1 dans C Canteloup. Thomas Sotto l’a fait sortir de l’ombre, en lui confiant une chronique hebdo puis bihebdo dès 2019 dans RTL Soir. Et depuis la rentrée, il est la fraîcheur de la matinale, aidé de ses coauteurs Arnaud Demanche, Clément Charton, Arnaud Tarride et Jonas Evain. « Il a débarqué sur RTL et en une semaine il avait tout le monde dans sa poche. Il sait créer des éléments de connivence. » Empathique et cinglant. Un cocktail explosif. Les propositions pleuvent en cette période de mercato. Où le retrouvera-t-on à la rentrée ? Sous les feux de la rampe, c’est sûr !

Parcours

1993-1998. GO au Club Med.

2002-2005. Auteur pour Nicolas Canteloup sur Rire et Chansons.

2005-2021. Coauteur de La Revue de presque de Nicolas Canteloup sur Europe 1.

Depuis 2011. Coauteur de C Canteloup sur TF1.

2019-2021. Chroniqueur dans RTL Soir.

Depuis septembre 2020. On est en direct sur France 2.

Depuis 2021. L’œil de Philippe Caverivière sur RTL à 7h50.

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