Reporters sans frontières estime qu'il « n'est plus permis de douter » de l'inefficacité des mesures prises par la plateforme chinoise contre la désinformation à propos de la guerre en Ukraine.
Après une étude Newsguard, qui a révèlé que TikTok laissait accessibles des contenus de désinformation sur la guerre en Ukraine dans son fil personnalisé “Pour Toi”, Reporters sans frontières (RSF) appelle la plateforme à la responsabilité et à « cesser d’employer des mesures superficielles » pour « enfin reprendre le contrôle sur son algorithme ». Selon les analystes de Newguard, les usagers de TikTok auraient été confrontés à de tels contenus en moins de 40 minutes de consultation, leur usage moyen quotidien étant de 52 minutes par jour. Certains analystes ont cherché des vidéos liées à l’Ukraine et des contenus de désinformation leur ont été suggérés dans les vingt premières vidéos.
Dans un communiqué, le 4 mars, l’application de ByteDance (Chine) avait indiqué ses mesures contre la désinformation, qui implique notamment de labelliser des contenus et de recourir à l’aide humaine pour les vérifier. Elle déclarait qu’elle commençait à étiqueter les contenus, et à recueillir les commentaires de 50 experts dans 20 pays pour éclairer les notions de médias contrôlés par un Etat. Elle assurait aussi que « les contenus qui en cours de vérification et les contenus qui n'ont pas pu être corroborés, sont inéligibles au fil Pour Toi »
Choix d'un modèle économique
“Si cette approche a toujours été questionnable, il n’est maintenant plus permis de douter de son inefficacité, a déploré Vincent Berthier, responsable du desk technologies de RSF. S’en prendre à la désinformation en se concentrant sur les contenus publiés, c’est faire le choix de préserver le business model de la plateforme au détriment de la promotion de l’information fiable ».
Rappelons que RSF s’emploie à valoriser l’information indépendante et journalistique de qualité par la mise en place, depuis 2018, de la Journalism Trust Initiative (JTI), une norme internationale désormais reconnue par l’Union européenne que l’exécutif souhaite promouvoir, selon nos informations, en privant les fausses information de l’accès à la publicité.