Rallonge budgétaire de 300 millions d'euros pour le patrimoine, plan sur la liberté de création: Rachida Dati a défendu mardi 6 novembre son budget 2025 en commission au Sénat, renouvelant aussi sa proposition controversée de faire payer l'entrée à Notre-Dame de Paris.

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a profité de son audition devant la commission de la Culture du Sénat pour annoncer le dépôt d'un amendement gouvernemental proposant une rallonge de 300 millions d'euros pour le patrimoine, censé être discuté le 13 novembre devant cette même commission.

« A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle », a justifié Rachida Dati, évoquant l'état « alarmant » du patrimoine. Selon elle, 20% des 45.000 monuments historiques en France sont en « mauvais état » et 5% d'entre eux (2.000) sont même « en péril » et « risquent de disparaître ».

Si l'amendement était adopté par le Parlement, cette somme viendrait s'ajouter au 1,2 milliard d'euros que représente le patrimoine dans un budget Culture de 4,45 milliards d'euros prévus dans le projet de loi de finances.

« Très concrètement, cet amendement permettra un effort supplémentaire de 55 millions d'euros pour les monuments historiques en régions », a poursuivi la ministre. Son ministère a précisé que cette aide bénéficierait par exemple à la tour Saint-Nicolas de La Rochelle, qui menace de s'effondrer.

A lire : La future équation de l'audiovisuel public

Selon Rachida Dati, l'amendement permettra aussi de débloquer « une enveloppe de 23 millions d'euros pour les musées dans les territoires, avec une attention spécifique pour les petits musées dans la ruralité ».

Enfin, « il permettra d'autres équipements en régions, comme les centres de conservation et d'étude archéologiques », a-t-elle ajouté. Selon elle, « une attention particulière » sera portée « pour les besoins les plus impérieux de nos grands établissements »: Centre Pompidou à Paris, Château et domaine de Versailles, Fontainebleau et Chambord.

Tarification à l'entrée de Notre-Dame

La ministre a également réitéré sa volonté de mettre en place une « tarification de l'entrée de Notre-Dame-de-Paris, qui pourrait dégager 75 millions d'euros pour financer la restauration du patrimoine religieux en régions », sans préciser si elle envisageait cette mesure comme permanente ou temporaire.

Elle a spécifié que, « si le diocèse (de Paris, NDLR) est d'accord », cette entrée payante pourrait être collectée par le Centre des monuments nationaux pour être redistribuée au diocèse et aux territoires, « sans toucher à la loi de 1905 » de séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Fin octobre, le diocèse avait insisté sur le principe de « gratuité du droit d'entrée dans les églises et les cathédrales », défendu par l'Église catholique en France, alors que Notre-Dame de Paris compte parmi les édifices les plus visités en Europe, avec 12 millions de personnes en 2017 et « 14 à 15 millions » attendues après sa réouverture prévue le 7 décembre.

Rachida Dati a aussi de nouveau proposé des « tarifs différenciés pour les grands opérateurs (musées et sites touristiques, NDLR) recevant plus de 60% de public étranger ».

«Liberté de création »

Elle a, en outre, annoncé vouloir rendre plus concrète l'utilisation de l'argent récolté par la souscription lancée par Emmanuel Macron en 2023 pour aider les petites communes à préserver leurs édifices religieux en péril, qui vise à récolter 200 millions d'euros en quatre ans.

D'ici à la fin du mois, « un plan qui concernera la liberté de création » sera par ailleurs présenté, alors que plusieurs acteurs du spectacle vivant se sont inquiétés ces dernières semaines de voir des pièces de théâtre ne trouvant pas de diffuseur lors de tournées, en raison de sujets prétendument trop sensibles ou polémiques.

Autre annonce: la reprise d'une mission sur le « modèle économique du spectacle vivant » et la pérennité de son financement, sans davantage de détails à ce stade.

Lire aussi :