Reporters sans frontières (RSF) a lancé lundi 30 septembre un observatoire via une interface web destiné à « informer et agir contre les mécanismes de propagande et de désinformation ».
Une vidéo faussement attribuée à la BBC et montrant des soldats ukrainiens avec des symboles nazis... C'est l'une des nombreuses occurences de la propagande russe sur les réseaux sociaux. Pour la contrer, Reporters sans frontières se dote d'une interface web, baptisée « Propaganda Monitor », un « programme multimédia [qui] a pour ambition de visibiliser les mécanismes et les multiples visages de la propagande à travers le monde afin de sensibiliser le public aux enjeux qu’elle recouvre et qu’il puisse mieux s’orienter dans l’espace informationnel », selon RSF
La plateforme, accessible via le site de l'ONG en français et en anglais, et portant des contenus (textes et images) traduits en russe et en ukrainien, va se focaliser dans un premier temps sur « la propagande russe », avant d'être élargie à d'autres acteurs. « D'autres pays utilisent les même méthodes et nous pourrions nous pencher sur la propagande turque ou chinoise », a indiqué le directeur général de l'ONG de défense de la presse, Thibaut Bruttin, lors d'une conférence de presse en ligne, lundi 30 septembre.
Ce lancement fait suite au lancement en mars du bouquet satellitaire de 11 chaînes russophones Svoboda, destiné à 4,5 millions de foyers russes. « Propaganda Monitor » propose par exemple une enquête sur la façon dont la chaîne de télévision russe RT, dirigée par Margarita Simonian, reste accessible en ligne malgré son interdiction dans l'UE.
Autre enquête publiée lundi, un portrait de l'Italien Vittorio Nicola Rangeloni, présenté comme une « figure du déploiement de l'influence pro-Kremlin via des formats d'apparence médiatique », notamment en Afrique.
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« Alors que certains analystes anticipaient un ralentissement de la propagande russe en Afrique depuis la mort de Prigojine (ancien patron du groupe paramilitaire Wagner, tué en août 2023, NDLR), il semble qu'elle se soit renforcée et mieux organisée, l'Africa Corps et l'Africa Intiative ont pris le relais », a commenté le journaliste sénégalais Valdez Onanina lors de la conférence de presse.
Fort du dernier rapport du centre d'études stratégiques pour l'Afrique, ce rédacteur en chef du bureau francophone d'Africa Check, première organisation indépendante de fact-checking du continent, constate aussi la présence de « relais africains à cette propagande », à savoir des médias et des intervenants qui se sont « autopositionnés en faveur de la Russie » et organisent des conférences en live avec du placement de produits.
« Une économie pourrait se créer autour de cette propagande russe, ce qui va compliquer davantage la tâche », note l'expert africain.
Valdez Onanina fait partie du comité d'orientation de « Propaganda Monitor », composé d'experts internationaux. Il comprend aussi les universitaires français David Colon (Sciences Po) et Maxime Audinet (Irsem), le politologue colombien Vladimir Rouvinski, l'analyste slovaque Daniel Milo ou la chercheuse hongroise Dorka Takácsy.
« La question de la propagande est intimement liée à celles de la démocratie et du journalisme », dont elle imite les codes et sur lesquels elle fait peser « une menace existentielle », a souligné Thibault Bruttin.