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De la BBC à CNN, de nombreux médias étrangers ont décidé de suspendre leurs activités en Russie après l'adoption par la Douma d'une loi sanctionnant lourdement toute «information mensongère» après l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.  

Le Kremlin a défendu samedi 5 mars la «fermeté» de sa loi, qui prévoit jusqu'à 15 ans de prison en cas de propagation d'informations visant à «discréditer» les forces armées, estimant que la Russie était la cible d'une «guerre de l'information».  

Le régulateur russe des médias Roskomnadzor a par ailleurs restreint depuis vendredi 4 mars l'accès à la BBC, la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle (DW) ou encore Voice of America.

La BBC

Dès l'adoption de la loi vendredi, la BBC britannique a annoncé suspendre «temporairement» le travail de ses journalistes en Russie pour assurer leur «sécurité». Estimant que Moscou semblait vouloir «criminaliser le journalisme indépendant», le directeur général Tim Davie a jugé que «cela ne laisse d'autre choix que de suspendre temporairement le travail de tous les journalistes de BBC News» et de leurs collaborateurs dans le pays. «La sécurité de nos équipes est primordiale et nous ne sommes pas préparés à les exposer au risque de poursuites pénales simplement pour faire leur travail», a-t-il ajouté. La BBC continuera à informer en russe depuis l'extérieur de la Russie.  

De nombreux Russes s'étaient tournés vers ce média depuis l'offensive en Ukraine. Son site d'information en russe a vu son audience plus que tripler sur un an, à 10,7 millions en moyenne hebdomadaire, tandis que le nombre de visiteurs en Russie sur son site en anglais a bondi de 252% à 423.000 la semaine dernière.       

Bloomberg, CNN et CBC/Radio-Canada

«C'est avec un grand regret que nous avons décidé de suspendre temporairement notre travail de collecte de l'information en Russie», a déclaré vendredi 4 mars le rédacteur en chef de l'agence américaine Bloomberg John Micklethwait dans un article sur son site. La nouvelle loi russe «semble écrite pour faire de chaque journaliste indépendant un criminel, par simple association, ce qui rend impossible de continuer à faire vivre un semblant de journalisme dans le pays», a-t-il ajouté.  

La chaîne américaine d'informations CNN a annoncé simultanément suspendre la diffusion de ses programmes en Russie «le temps d'évaluer la situation». «Vivement préoccupé», le groupe de radio et de télévision CBC/Radio-Canada a également suspendu ses activités, estimant que cette loi «vise à criminaliser la couverture journalistique neutre et impartiale de la situation actuelle».  

Le groupe radiophonique public Radio France a pour sa part indiqué attendre une expertise juridique pour décider de suspendre ou non la correspondance de ses journalistes en Russie.       

Les chaînes allemandes ARD et ZDF

Les chaînes de télévision publique allemandes ARD et ZDF ont décidé samedi 5 mars la suspension temporaire de leur couverture depuis Moscou, le temps d'«examiner les conséquences» de la nouvelle loi russe. Elles «continueront d'informer le public de manière exhaustive sur ce qui se passe en Russie et en Ukraine» depuis d'autres sites en dehors de la Russie, ont-elles souligné.

ARD est représentée à Moscou depuis 1956. En février, la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle (DW) avait été interdite en Russie et ses reporters contraints d'arrêter de travailler. L'accès à son site russophone, qui fonctionnait encore, a été «limité vendredi par le régulateur russe des médias.    

La RAI italienne 

La chaîne de télévision publique italienne RAI a également suspendu samedi «les services journalistiques» de ses envoyés spéciaux et de ses correspondants, pour «protéger la sécurité des journalistes sur place et la plus grande liberté possible dans l'information». «Les informations sur ce qui se produit dans la Fédération de Russie seront pour le moment fournies sur la base de nombreuses sources des journalistes de la RAI en service dans les pays voisins et dans les rédactions centrales en Italie», a ajouté la chaîne.    

L'agence de presse Efe    

L'agence Efe leur a emboîté le pas samedi en fin de journée. Présente à Moscou depuis 1970 avec un bureau permanent, c'est la première fois qu'elle «se voit forcée de suspendre l'activité de ses journalistes accrédités dans la capitale russe», a souligné l'agence de presse hispanophone, sur son site. Efe «regrette profondément cette grave attaque à la liberté d'expression, une tentative évidente du Kremlin de cacher la vérité à l'opinion publique», a commenté sa présidente, Gabriela Cañas.    

Les médias russes 

Vendredi, les autorités russes ont par ailleurs bloqué Facebook et commencé à «restreindre l'accès» à Twitter. La veille, l'emblématique station de radio Ekho Moskvy (Echo de Moscou) avait annoncé sa dissolution et la chaîne de télévision indépendante Dojd la suspension de son activité, après le blocage de leurs sites. La Russie est régulièrement décrite par les ONG comme l'un des pays les plus restrictifs au monde en matière de liberté de la presse, mais la situation s'est aggravée depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou.

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