Alors que les réseaux sociaux commencent à sortir les deux médias russes de leur référencement, la réplique européenne cherche une traduction juridique.
Alors que la tour de télévision à Kiev a été touchée mardi 1er mars par une frappe russe, interrompant la diffusion des chaînes ukrainiennes et faisant 5 blessés, selon le service d’Etat ukrainien pour les situations d’urgence, c’est un tout autre missile qui va mettre fin à la diffusion de Russia Today, ou RT, dans les 27 pays de l’Union européenne. Thierry Breton, commissaire européen en charge du marché intérieur, a annoncé mardi sur RTL que le bannissement des deux médias russes RT et Sputnik devait être décidé « dès aujourd'hui » (mardi) en précisant qu’il s’agira d’une « procédure de sanction » qui interdira les deux médias « quel que soit leur canal de distribution », donc aussi bien sur les box (Free, Canal..) que sur internet, les réseaux sociaux ou sur satellite. Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission a annoncé dimanche la volonté de l’UE d’empêcher RT et Sputnik de « diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre Union ». Elle a reçu le soutien de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, qui a confirmé lundi vouloir « mettre fin à la désinformation diffusée en Europe par les organes de propagande russe ». Mais un grand flou persistait, mardi soir, sur le véhicule juridique qui serait employé pour justifier cette procédure de sanction.
Après Facebook et Instagram (Meta) lundi, YouTube a bloqué mardi en Europe RT et Sputnik, accusés de désinformation sur la guerre en Ukraine, en attendant une interdiction similaire de diffusion télévisée. Après l'annonce de YouTube, les chaînes YouTube de RT et Sputnik n'étaient plus consultables dans l'UE, et remplacées par la mention « cette chaîne n'est pas disponible dans votre pays ». Selon Le Monde, le réseau chinois TikTok a également rendu inaccessible les deux médias depuis lundi. Ce blocage sur les réseaux sociaux a été qualifié d’« acte de censure pur et simple, sans aucun fondement légal » par RT France dans une déclaration transmise à l'AFP. « Nous avons reçu des demandes de plusieurs gouvernements et de l'Union européenne de prendre des mesures supplémentaires concernant des médias contrôlés par l'Etat russe", avait écrit Nick Clegg, vice-président de Meta, sur son compte Twitter. Il avait justifié la suspension par « la nature exceptionnelle de la situation ».