Des antagonismes éditoriaux peuvent-ils survenir dans deux publications du même actionnaire, en l’occurrence le groupe CMI de Daniel Kretinsky ? La réponse est oui même si les pressions ne sont pas absentes pour faire triompher une position. Le 5 janvier, Franc-Tireur, récemment lancé par CMI avec Caroline Fourest parmi ses cofondateurs, publie les bonnes feuilles des Bouffons de la Haine, livre paru chez Grasset de Thomas Nlend, « infiltré » pendant quatre ans dans le mouvement d’Alain Soral. La préface est signée Caroline Fourest, également chroniqueuse à Marianne et membre du conseil de surveillance de CMI. Mais voilà qu’un journaliste de Marianne, Gabriel Libert, ne croit pas cette infiltration et estime que l’auteur a épousé les thèses d’Alain Soral. L’implication de Caroline Fourest pour démontrer au journaliste qu’il faisait fausse route, allant jusqu’à recommander d’appeler un personnage douteux avant la sortie de son enquête dans Marianne, ont provoqué le 24 janvier un communiqué de la société des rédacteurs de l’hebdo : « Il est hautement problématique qu’une chroniqueuse de Marianne et membre du conseil de surveillance, fasse pression, accable et attaque un journaliste de sa propre rédaction ». Toute l’histoire a été racontée par Arrêt sur Images et Caroline Fourest a été contrainte de quitter le conseil de surveillance de CMI, avant de « rapatrier » sa chronique vers Franc-Tireur, comme elle l’a confié au Monde.