Une motion de défiance sera soumise au vote le 1er février contre la direction de la radio publique internationale RFI, critiquée pour sa gestion d'un conflit interne après la publication de l'enquête « Congo Hold-up », selon un communiqué de la CGT.
« Notre rédaction a été profondément indignée à la fin de l'année 2021 quand l'enquête « Congo Hold-up », dont nous sommes partenaires, a été gravement remise en cause dans une interview associée à l'image de RFI », indique le texte de la motion de défiance des journalistes de RFI contre sa direction, repris dans le communiqué.
A l'origine du malaise, un entretien diffusé fin novembre par un journaliste vedette de la radio, Alain Foka, revenant sur l'enquête menée par sa consoeur de RFI, Sonia Rolley, avec un consortium d'investigation composé de médias internationaux, dont Mediapart, et d'ONG. Cette enquête, qui s'appuie sur 3,5 millions de documents bancaires confidentiels, accuse l'ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila et sa famille d'avoir « siphonné » en cinq ans au moins 138 millions de dollars des caisses de l'Etat avec la complicité d'une banque. Après ces révélations, M. Foka avait invité sur sa chaîne Youtube personnelle et à son initiative, Jules Alingete, le chef des services de l'Inspection générale des finances, chargé notamment de la lutte anti-corruption en RDC.
Campagne de dénigrement
Lors de cet entretien, diffusé avec le logo de la chaîne France 24 et un micro siglé RFI, le haut-fonctionnaire, qui avait salué la veille sur l'antenne de RFI les conclusions de cette investigation, l'a finalement qualifiée d’« insinuations visant à brûler le Congo ». « La direction aurait dû agir. Il n'en a rien été, ce qui a eu pour conséquence d'entraîner une campagne de dénigrement et d'insultes contre la collègue (...) et contre notre rédaction », dénoncent les auteurs de la motion de défiance. « Cette affaire est le dernier exemple des dérives déontologiques que les directions successives de Radio France Internationale ont permises ces dernières années et sur lesquelles la SDJ (Société des journalistes) n'a eu de cesse d'alerter », estiment-ils. Sollicitée par l'AFP, la direction a affirmé être « toujours à l'écoute » et prendre « acte de cette motion portée par la SDJ de RFI, dont l'objet porte sur un sujet qui donne lieu à un dialogue nourri avec les représentants des journalistes depuis le mois de décembre ».
Dans un communiqué interne, que l'AFP a pu consulter, la direction de RFI mentionne avoir « procédé, pour un même collaborateur, à une double sanction », sans divulguer son nom, ni la nature des sanctions.