Le monde de l'édition attend mercredi soir la publication des résultats annuels de Vivendi et la possible annonce du futur repreneur d'Editis, que le géant des médias s'est engagé à céder pour mettre la main sur son rival Hachette Livre.
Le groupe contrôlé par Vincent Bolloré, Vivendi, avait présenté durant l'été 2022 son projet de cession de sa filiale Editis, qui regroupe plus d'une cinquantaine de maisons comme Robert Laffont, Plon, Julliard, Le Robert, Pocket, etc. Cette opération doit lui permettre d'obtenir auprès de Bruxelles l'autorisation de prendre officiellement le contrôle du groupe Lagardère, propriétaire du troisième éditeur mondial, Hachette Livre, et de médias (Europe 1, le JDD, Paris Match). Parmi les prétendants au rachat figure un trio formé par les Français Stéphane Courbit (président du géant de la production Banijay), Pierre-Edouard Stérin (investisseur et confondateur des coffrets-cadeaux Smartbox) et le Tchèque Daniel Kretinsky (Czech Media Invest).
D'après La Lettre A et le quotidien Les Échos, les autres candidats sont le groupe de presse français Reworld Media, son rival italien Mondadori et le canadien Québecor (télécoms, médias, culture et divertissement). Bruxelles a lancé fin novembre une « enquête approfondie » sur ce projet, estimant que l'opération risque de réduire la concurrence dans l'édition de livres et de magazines. Les libraires et les sociétés d'auteurs craignent notamment qu'Editis n'ait pas les moyens de peser sur le marché français face à Hachette.
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Le projet de cession envisagé par Vivendi consiste à distribuer les actions d'Editis aux actionnaires de Vivendi, en introduisant dans le même temps la société en Bourse à Paris, sur le marché Euronext Growth. Ce marché boursier, destiné aux petites et moyennes entreprises, permettra au futur repreneur d'augmenter sa participation de jusqu'à 50% du capital sans déclencher d'offre publique, contre un seuil de 30% sur le marché réglementé.
Pour le groupe Bolloré, actionnaire de référence de Vivendi avec 29,5% des parts, cette méthode de cotation-distribution a surtout l'avantage de mieux valoriser sa part d'Editis (acquis par Vivendi en 2019 pour 829 millions d'euros) et d'en capter directement le profit, sur le modèle de l'introduction en Bourse d'Universal Music Group en 2021. Lors des discussions informelles avec Vivendi, la Commission européenne semblait préférer une cession de 100% d'Editis plutôt que l'opération de cotation-distribution suggérée par le groupe, selon une source proche du dossier. Sa décision est attendue avant le 23 mai.