Le Sénat a appelé mercredi 1er mars à faire de la lutte contre les violences pornographiques « une priorité de politique publique », dans « une prise de conscience collective ».
Soutenir les victimes de l’industrie du porno, renforcer l’arsenal pénal, taxer cette activité, protéger la jeunesse : une proposition de résolution en ce sens, cosignée par plus de 250 sénatrices et sénateurs de tous les groupes politiques mais non contraignante, a été adoptée à l’unanimité. Elle fait suite à un rapport sénatorial choc publié en septembre dernier sur « l’enfer du décor », dénonçant les dérives de l’industrie du porno et appelant le gouvernement à agir.
Co-auteure avec Annick Billon (UDI), Alexandra Borchio Fontimp (LR) et Laurence Cohen (PCF), la socialiste Laurence Rossignol a dénoncé dans l’hémicycle « un déni et une complaisance dont bénéficie cette industrie depuis trop longtemps ». Elle a rappelé que « la France est un des pays les plus consommateurs au monde » de ces contenus, qui induisent des « violences systémiques » envers les femmes.
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« Il est urgent d’agir », a renchéri Alexandra Borchio Fontimp, soulignant notamment que les solutions de vérification d’âge des utilisateurs tardaient à se déployer, pour bloquer l’accès aux mineurs - une solution est testée ce mois-ci.
« Il y a là un terreau très favorable à des comportements violents envers les femmes », a admis la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome, qui souhaite diffuser un « message éducatif puissant ».
« Des discussions interministérielles sont en cours pour prendre des mesures fortes à l’encontre des diffuseurs, qui ne pourront plus se cacher derrière un prétendu vide juridique », a-t-elle aussi souligné.
La semaine dernière, Anne-Laure Denis, présidente de la Cnil, a annoncé, à propos du contrôle de l’âge des utilisateurs, dans une interview au Figaro que « la Cnil n’est pas opposée au recours à la carte bancaire, avec une transaction à zéro euro, ou aux solutions d’estimation de l’âge grâce à l’analyse des traits du visage », ce quoi n’a pas manqué de créer une polémique auprès des défenseurs de la vie privée.
Dans ce débat où la plupart des intervenants étaient des femmes, Annick Billon a commis un lapsus qui a détendu l’assemblée : « le nombre de cosignataires » de la résolution, 255 sénateurs, constitue « un record jamais atteint pour un sexe… pardon pour un texte sénatorial sous la Ve République ».