Maxime Switek, présentateur de « 22h Max » et des grands rendez-vous événementiels sur BFMTV, commente l'actualité de ces derniers jours.
Le lancement du passe vaccinal en France.
La première chose que je vois, c’est qu’on arrive à grignoter, chaque semaine, le nombre de non-vaccinés. On est presque à 200 000 personnes en moins par semaine. Cela signifie que la logique d’Emmanuel Macron et du gouvernement fonctionne. Mais il faut garder à l’esprit que plus on avance, plus c’est difficile de convaincre les réfractaires ou les personnes éloignées du système de santé. Aller les chercher demande de faire du cas par cas. Nous avons suivi une équipe de La Croix Rouge en Seine-Saint-Denis, pour un reportage, et l’on voyait, sur le terrain, toute la difficulté, l’énergie, pour convaincre une dizaine de personnes.
La polémique Blanquer après la découverte de son voyage à Ibiza.
Sur cette affaire, je suis dans une double incompréhension. Certes Jean-Michel Blanquer est issu de la société civile, mais il est ministre depuis cinq ans. Son entourage, son cabinet, n’ont pas réussi à le convaincre qu'aller à Ibiza était une mauvaise idée ? Oui, un ministre à le droit à des vacances. Oui, c’est à 2 heures d’avion. Oui, il pouvait se connecter. Mais lorsqu’on est politique, nos actes sont forcément des symboles. Et Ibiza, c’était clairement un symbole rouge clignotant à ce stade de l’épidémie. On ne peut pas être que rationnel dans de telles circonstances. L’autre incompréhension, c’est : comment a-t-il pu croire que cela ne sortirait pas ? Il y a toujours une bonne âme dans le gouvernement qui va vendre la mèche…
Éric Zemmour, condamné pour provocation à la haine raciale pour ses propos sur CNews, au sujet des mineurs migrants isolés, et soumis à la décision de la cour d’appel à propos de sa défense de Pétain.
Les deux affaires renvoient toutes à une même question : la justice doit-elle poser des limites à ce qui peut être dit dans le débat public ? À cela, Éric Zemmour répond régulièrement non, pensant qu’elle n’a pas à se mêler de ses paroles, avec une vision large de la liberté d’expression. Mais régulièrement, en démocratie française, la justice pose des limites : que ce soit sur les mineurs isolés, ou le rôle de Pétain vis-à-vis des juifs français… Plus largement, ce qui est difficile, c’est de voir systématiquement Éric Zemmour venir porter des coups contre la justice. Comme François Fillon en 2017, critiquer les arrêts, dire que la justice est « politique » ou « aux ordres » affaiblit le système démocratique. D’autant plus que c’est toujours à géométrie variable.
Gilbert Collard qui rejoint Zemmour.
C’est une vraie surprise. Il y a selon moi un paradoxe autour de la campagne Zemmour que j’ai du mal à comprendre. Il a déboulé dans la campagne électorale, mais est maintenant visiblement à la peine. Dans les sondages, il décroche, et arrive à attirer à lui des gens comme Jérôme Rivière, Gilbert Collard ou Guillaume Peltier, précisément quand ça va mal. Il a même réuni plusieurs milliers de personnes à Cannes. Je me dis que ce paradoxe va déboucher dans les sondages dans les semaines qui viennent.
La primaire populaire qui réunit 450 000 inscrits.
C’est un chiffre élevé. J’imagine que ce qui motive les participants, c’est un désir d’union à gauche. Ils veulent faire bouger les lignes. Mais cette démarche de primaire populaire me paraît extrêmement précaire, car tardive. C’est fou de se dire qu’on peut lancer une campagne électorale d’un candidat à 2 mois et demi de l’échéance. Que ce soit les parrainages, la mobilisation financière, le programme… Ça va être compliqué… D’autant plus en faisant participer des candidats qui ne reconnaissent pas cette élection. Je n’ai pas l’impression que tout le monde en ressorte plus uni. C’est un ovni politique. On comprend l’intention mais on s’interroge sur l’exécution.
Jean-Jacques Bourdin retiré de l’antenne de BFMTV et RMC.
Pas de commentaire.
La flambée des prix de l’énergie.
Le gouvernement est coincé. Il a déjà fait plusieurs gestes coûteux : limiter la hausse des prix, distribuer des chèques énergie. Mais la hausse va encore continuer et au bout du compte, tout le monde va se tourner… vers le gouvernement ! Bruno Le Maire estime qu’il faut continuer d’aider ceux qui ont besoin de leur voiture pour travailler. Mais cette idée-là était déjà sur la table en octobre, et impossible de faire la différence entre les personnes qui en ont vraiment besoin et les autres. Résultat, on se retrouve au point de départ, avec beaucoup d’argent dépensé. Baisser les taxes ? Ce serait un très mauvais signal en termes d’écologie. Ce qu’il faudrait, c’est une vraie politique de transport… Au moins, cela met le sujet sur la table des débats pour la présidentielle.
La mort du brigadier Alexandre Martin au Mali.
C’est toujours un choc, quand vous voyez le visage de ce soldat de 24 ans. Un choc de tristesse, auquel suit forcément la question : mais pourquoi ? Est-ce que ça valait vraiment le coup ? Si le gouvernement malien a envie de progresser avec les mercenaires russes de Wagner, faut-il rester là-bas ? La France est davantage soutenue par ses voisins européens dans ce combat. Mais en termes de moyens réels, il n’y a qu’elle à l’avant-garde… Alors la mort de ce soldat ramène à toutes ces questions qu’on se pose régulièrement. Faut-il diminuer les troupes ? Là aussi, je pense que l’élection présidentielle est un bon moment pour trancher ces questions.
La disparition accidentelle de Gaspard Ulliel.
On a tous été saisis. J’étais à la rédaction quand son décès a été annoncé, et à la seconde même, vous sentez des visages blêmes qui se figent. Parce que c’était quelqu’un qui, malgré son jeune âge, était entré dans le cinéma français depuis longtemps. Que l’on avait forcément déjà vu son visage. Que cela laisse un enfant orphelin… C’est terrible. Ce que je dis va paraître banal, mais ça nous renvoie à la fragilité de l’existence. On s’identifie, on pense à cet instant T, où il prend cette piste de ski. Ça cueille. On pense à nos enfants, à ceux qui en ont…