Télévision

Le Festival international du documentaire, le Fipadoc, témoigne du dynamisme d’un genre qui reste encore à la recherche de financements sur ses exploitations numériques.

Le Fipadoc s’est achevé, le 23 janvier, sur un émouvant grand prix du documentaire national décerné à Camille Ponsin pour Marie-José vous attend à 16h. Cette œuvre d’1h34, diffusée sur BeTV, suit l’itinéraire d’une femme de 88 ans, directrice de recherche honoraire au CNRS et spécialiste du Darfour, qui aide des réfugiés soudanais à avoir l’asile politique en France en authentifiant leurs récits. La vieille dame était d’ailleurs présente pour interpréter son propre rôle, le 21 janvier, au cours d’une session de live magazine au casino de Biarritz. Côtés web-docs, ont été aussi primés Kusunda, un voyage interactif en réalité virtuelle, et Seven Grams, expérience en réalité augmentée. Sur 150 documentaires sélectionnées, citons enfin Flee (Arte), un format d’1h23 entièrement en animation sur le parcours d’un enfant fuyant l’Afghanistan pour se réfugier au Danemark.

Ces nouvelles écritures du réel témoignent de l’effervescence d’un genre qui a amené Canal+, par exemple, à créer en septembre Canal+Docs, en plus des chaînes documentaires Planète, Aventure et Crime. Résultat : +20% de fréquentation sur cette chaîne, forte de plus de 2000 docs présents sur Canal. Et une particularité : le replay fait des scores de plus en en plus proches de la diffusion linéaire. Ainsi Platini aligne 800 000 téléspectateurs et 500 000 visionautes en catch-up. Kaboul, au cœur des Talibans fait pratiquement jeu égal en linéaire (450 000) et en rattrapage (400 000). En 2022, le groupe veut doubler son volume de production originale avec des docs en prime time (Karl Lagerfeld, John McEnroe..) et des grandes séries («L’Europe des merveilles », « Faut qu’on parle » sur six champions et leur homosexualité, les vikings…). Au total, 250 projets sont en développement.

Un format prisé par le public

Alors que la contribution des géants de la SVOD restera minime (0,6% du CA en France pour Netflix), France Télévisions (106 millions d’euros par an, en hausse de 5%) assure sa mission de service public en programmant 800 heures de docs en prime time, sur 11 000 heures dans l’année. Ainsi, Noirs en France, le film d’Alain Mabanckou et Aurélia Perreau, a pu réunir 2,6 millions de téléspectateurs (12,2% de PDA et 16% sur les 25-34 ans) à 21h10, le 18 janvier sur France 2. « 10,5 millions de personnes regardent des documentaires toutes les semaines sur France Télévisions », s’est réjoui Stéphane Sitbon-Gomez, le patron des programmes du groupe public.

Mais l’absence de visibilité sur la contribution à l’audiovisuel public, qui ne sera plus adossée à la taxe d’habitation en 2023, obère le développement du doc. Comment financer de nouveaux formats sur une enveloppe consacrée aux antennes ? « On a pris l’argent des exploitations linéaires pour financer du délinéarisé, fustige Cécile Rap-Veber, directrice générale de la Sacem, je m’inquiète de la paupérisation des créateurs si nous ne trouvons pas ensemble comment créer de la valeur sur le numérique. » Le directeur général de la Scam, Hervé Rony, abonde : des web-docs ont dû être rediffusés sur une antenne linéaire – France Culture – « pour que leurs auteurs puisse toucher de l’argent »

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