Edwy Plenel (Mediapart), Isabelle Roberts (Les Jours), Éric Fottorino (Le 1) et Nicolas Beytout (L’Opinion) étaient interrogés vendredi 21 janvier au Sénat dans le cadre de la Commission d’enquête sur la concentration des médias.
Il faut avoir des médias «champions de la démocratie» et non pas des mastodontes médiatiques en France, a défendu vendredi 21 janvier Edwy Plenel, cofondateur du média d'investigation Mediapart, lors d'une audition au Sénat. Les dirigeants ou fondateurs de L'Opinion, Les Jours et Le 1 étaient également reçus par la commission d'enquête dédiée à la concentration des médias en France. «Il faut d'abord avoir des champions démocratiques. (...) Il faut avoir des champions professionnels, qui ne donnent pas le spectacle que vous avez sous les yeux d'un débat public qui est totalement corrompu par le déversement des opinions et non pas des informations», a plaidé Edwy Plenel.
«Notre métier, c'est de produire des informations, [...] des vérités de fait, d'éclairer le débat public, et que les vérités, y compris celles qui dérangent, soient au cœur du débat public. Ce n'est pas le déluge des opinions pour tuer l'information», a-t-il défendu. Peu avant, le journaliste avait critiqué les auditions par la même commission du milliardaire Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi est à la tête d'une galaxie de médias en France (Canal+, Lagardère...), et du magnat du luxe Bernard Arnault, propriétaire de LVMH et d'un groupe de presse (Les Échos, Le Parisien, Radio Classique).
Celles-ci ont été «le spectacle d'une fable», «ce ne sont pas des philanthropes, ce ne sont pas des industriels, d'ailleurs ils n'investissent pas dans les médias, ils achètent de l'influence et de la protection», a-t-il dénoncé. Edwy Plenel a également dit «ne pas comprendre comment la chaîne CNews (contrôlée par Vincent Bolloré) pouvait continuer à exister», alors que, dans sa convention avec le régulateur de l'audiovisuel, elle s'engage à ne pas encourager les comportements discriminatoires.
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Également auditionnée, Isabelle Roberts, ancienne journaliste de Libération et cofondatrice du média Les Jours, a indiqué enquêter sur les méthodes employées depuis six ans par Vincent Bolloré dans le secteur des médias. Le milliardaire «a déplacé le curseur du joug qu'un industriel peut faire peser sur un média», a-t-elle estimé. «Il a envoyé un message à tous les propriétaires de médias : regardez, ça, vous pouvez le faire, purger une rédaction», a-t-elle poursuivi. Outre une «réécriture» de la loi de 1986 sur le pluralisme jugée «obsolète», «il faut trouver des dispositifs, les verrous qui permettent de se prémunir des actionnaires industriels interventionnistes, voire destructeurs, afin de protéger les rédactions et les lecteurs», a demandé la journaliste. Éric Fottorino, créateur du journal Le 1, a jugé pour sa part que «ces groupes hyper concentrés sont des lieux où, régulièrement, on attache la liberté de la presse, l'indépendance et les rédactions».
Éloigné de cette ligne, Nicolas Beytout, patron du journal libéral L'Opinion qui compte parmi ses actionnaires Bernard Arnault, a défendu les investissements de milliardaires dans la presse papier, «quasiment structurellement déficitaire». «Si vous partez dans l'idée que ceux qui ont beaucoup d'argent sont les adversaires d'une presse libre, je vous assure qu'il n'y aura plus beaucoup de journaux dans dix ans», a-t-il dit. Il a par ailleurs proposé d'octroyer aux géants du numérique «la qualité d'éditeur de médias» avec les responsabilités juridique et judiciaire afférentes.
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