Comment Smart passe la crise actuelle ?
Smart va bien. Contrairement à d’autres SSP américains, nous avons choisi de ne pas licencier et de protéger au maximum les éditeurs. Nous avons fait un prêt garanti par l'État, mais uniquement par précaution et investi fortement sur le bien-être de nos salariés pendant le confinement pour qu’ils puissent travailler à distance tout en gardant une vie sociale épanouissante, avec des cours de yoga, de gym. Depuis juillet, nous sommes revenus progressivement au bureau. Aujourd’hui, chacun effectue deux jours par semaine sur site. Nous n’avons pas perdu en efficacité, elle a même augmenté. Si nous forçons les personnes à revenir régulièrement, c’est pour qu’elle se parlent avant tout et pour bien intégrer les nouvelles recrues. Car après avoir gelé les embauches, nous recrutons de nouveau: 16 personnes en septembre, et cela continuera jusqu’à la fin de l’année, car nous lançons beaucoup de choses.
Sur quoi accélérez-vous ?
Notre pari, c’est de rester indépendant et de proposer cette alternative sur le marché. Nous avons eu un deuxième trimestre en baisse de 9%, quand la tendance était à 25% de croissance avant le confinement. Nous sommes revenus à l’équilibre en juillet, et reparti avec le même rythme de croissance, voire supérieure en août. Nous investissons principalement dans trois domaines. Le premier c’est la télévision adressable, ou nous souhaitons compter comme un partenaire de premier plan. Gérald Sauvageon, ancien de Google, nous a rejoints pour développer le business et profiter de la très forte croissance du marché, surtout depuis le confinement et le maintien à domicile. Le deuxième, c’est de nous développer sur la demande en programmatique. Après l’acquisition de Liquid M l’année dernière, nous voulons proposer une intégration verticale de notre plateforme. Pour permettre d’acheter sur les inventaires de nos partenaires en divisant « l’adtech tax » par deux [la différence entre le budget investi et le budget média réel obtenu en digital]. Le troisième, c’est la capacité de ciblage.
Ou en est l’intégration du DSP Liquid M ?
Nous lançons officiellement un outil de deal management, de mediaplanning qui permet de réaliser des « auction packages » [paquet d’inventaires], sur mesure, enrichis avec des capacités de ciblage avancées. Il s'appelle Smart Buyer Connect. Si le reach est limité, le ciblage est beaucoup plus précis pour les annonceurs. Sur les premières campagnes, nous avons multiplié par 5 le CPM moyen du marché français. Il y a aussi des capacités de ciblage sémantique et contextuel. Cet outil va dans le sens des places de marché privées, mais formées à partir des inventaires de nos médias partenaires.
Et d’où vient la donnée ?
Nous travaillons avec des data providers comme Nielsen, Sirdata, Zeotap... Mais le but consiste aussi à organiser la rareté des données de l’éditeur. Elle a beaucoup de valeur. Cette nouvelle offre permettra de créer des places de marché d’éditeurs, de donner accès, tout en la protégeant, à leur données plus directement. Nous travaillons sur un système de traçabilité particulier pour que surtout l’acheteur garde le contrôle, et afin de renforcer la transparence du marché.