Éducation
Dix acteurs de l’audiovisuel public français et de l'éducation s’associent pour déployer une offre éditoriale ciblant les élèves de 3 à 18 ans et les professionnels de l’éducation.

Ne les appelez plus Jalons, le Site.tv et France TV éducation. Les grands acteurs de l'audiovisuel public et de l'éducation (1) repensent leurs offres dédiées à l'éducation, en lançant officiellement le mardi 19 novembre, Lumni. Cette nouvelle plateforme éducative, en accès libre, fait partie de la feuille de route annoncée par le gouvernement, dans le cadre de la réforme de l'audiovisuel public. 

Les cibles ? Les élèves de 3 à 18 ans, les enseignants et les médiateurs. L’occasion pour les deux propriétaires de la marque, France Télévisions et l’Ina, de repenser leur stratégie digitale sur le volet éducatif. «J’ai l’impression de revoir un France info de l’éducation, sur la manière dont ça se conçoit. Tout le monde apporte une contribution en fonction de ce qu’il connaît le mieux et des contenus les plus pertinents en fonction des cibles», explique Antoine Bayet, responsable du département des éditions numériques de l’Ina, qui était auparavant directeur de l'information numérique à Franceinfo. Le site a été développé en interne, par France Télévisions pour la partie élève et par l’Ina pour la partie enseignant. L’agence de design global Insign - avec qui France Télévisions travaille depuis décembre 2018 sur les problématiques des marques du groupe - a quant à elle créé la plateforme de marque et signé l’identité nominale et visuelle de Lumni, de couleur blanche pour rappeler la lumière.

Acquérir, produire et éditer 

Depuis 2003, l’Ina intègre une verticale éducation, avec sa plateforme Jalons (anciennement «Les balises de la mémoire»). 200 000 enseignants disposent d’un compte sur Éduthèque leur permettant d’avoir accès aux 1 800 ressources de l’Ina et à celles du ministère de l’Education nationale. À noter que Jalons ne met en ligne que des extraits bruts, sans montage. Comment sont-ils sélectionnés ? «On travaille beaucoup avec les enseignants. Se dire que ça a un intérêt éditorial, c’est notre travail, mais savoir à quel point du programme scolaire ça se rattache, c’est celui des professeurs», souligne Antoine Bayet.

Les 3 000 contenus de Jalons vont donc basculer sur Lumni et d’autres formats y seront ajoutés, dont des pistes pédagogiques. Et à la différence de Jalons, Lumni aura une présence sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter). «Notre objectif n’est pas de faire des dizaines de milliers de retweets, mais de faire en sorte que les contenus soient vraiment utilisés par les enseignants en classe. C’est pourquoi, on va lancer un groupe Facebook privé, pour échanger avec eux sur des pédagogies numériques et co-construire de nouvelles fonctionnalités.» Pour faciliter les usages des enseignants, les contenus pourront être téléchargeables et découpables, sans connexion internet requise. 

Concernant le catalogue destiné aux élèves, l’unité éducation de France Télévisions a mis en ligne les 10 000 ressources déjà existantes sur les précédentes plateformes et sur les portails éducatifs de Radio France et d’Arte. «En plus des extraits de documentaires ayant une vraie valeur éducative, on va acquérir des ressources d’Arte, de France Télévisions, de Radio France, de TV5 Monde et de France Médias Monde et les retravailler», explique Amel Cogard, directrice de l’unité éducation de France Télévisions. Montage cut, voix-off, habillage sonore... Lumni entend bien s’approprier les codes des médias 100% vidéo et de Youtube. Les contenus sont indexés par matière, thématique et niveau de discipline et une grande partie traitera des thématiques de fact-checking et d’éducation aux médias. 

Une offre alternative à Youtube

Dans les supports d’apprentissage, c'est surtout Youtube qui tire son épingle du jeu avec ses chaînes éducatives. En 2018, la plateforme vidéo a annoncé investir 20 millions de dollars pour soutenir la création de contenus éducatifs sur son espace. «Ce n’est pas contrer Youtube qui nous intéresse, c’est de proposer une alternative», avance Amel Cogard. Pour l’Ina, il n’y a pas match. «Les choix éditoriaux sont faits par des humains et pas un algorithme et la suggestion d’un contenu se fait par l’indexation et non par un algorithme», défend Antoine Bayet. Pour Guillaume Simiand, chargé de mission pour la communication numérique à l’université Paris 1, «la cible des jeunes n’est pas dans la pratique» de l’audiovisuel public et «une bonne utilisation de Lumni passera par les enseignements. Toucher de manière native l’élève, je n’y crois pas trop

Pour faire connaître l’offre, un spot antenne et un spot radio produits en interne, seront diffusés sur les antennes des différents partenaires et leurs réseaux sociaux. 

 

(1) France Télévisions, l’Ina, Arte, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde, Canopé, le Clemi, Éduthèque et la Ligue de l’enseignement, accompagnés par le ministère de la Culture et le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.

 

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