Le directeur délégué de Harris Interactive France revient sur les grandes actualités de la semaine.
La bataille de communication entre le gouvernement et les syndicats autour de la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le 19 janvier.
La communication s’inscrit à la fois dans le cadre de la réforme actuelle et sur un temps long. La perception des Français sur l’urgence à réformer évolue. Lutter contre la dette et les déficits ne fait plus sens. Le covid et le « quoi qu’il en coûte » ont en partie contribué à cette idée. Mais il n’existe pas tellement d’autres arguments à mettre à la place, qui dépasseraient le cadre des électeurs de Macron. La motivation du vote en faveur du président ne s’était pas structurée sur le sujet des retraites. Le Pen ou Mélenchon en avaient davantage parlé, aussi peut-on dire que la bataille de communication ne se joue pas seulement maintenant car elle s’est en partie jouée en amont. Le gros de la question est posé. Les Français réagissent surtout à un point : le décalage de l’âge légal à 64 ans. Les autres enjeux sont marginaux. Par exemple, ils ne prennent pas fait et cause sur le minimum de pension à 1200 euros.
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La pique de Cyril Hanouna contre le financement de l’audiovisuel public.
Cyril Hanouna dit « j’existe » et il est dans son rôle. Les dirigeantes du service public, Sibyle Veil à Radio France et Delphine Ernotte à France Télévisions, le sont aussi en réagissant aux propos tenus. Il n’y a pas de focalisation sur le sujet : les Français n’ont pas intégré que la redevance TV a été supprimée. Ils ne se disaient pas que l’audiovisuel coûtait très cher.
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Les vagues de licenciements chez les géants de la tech, avec l'annonce de 12 000 suppressions de postes chez Google et 10 000 chez Microsoft.
La France se montre prudente sur l’économie dématérialisée. Ceux qui portent l’idée qu’on va entrer dans une société de services, faisant la part belle aux cols blancs plutôt qu’aux cols bleus, licencient aujourd’hui. Les Français estiment qu’il faut, dans le pays, une industrie puissante, et une place pour les catégories populaires. La perspective d’une économie entièrement tournée vers le numérique ne fait pas sens. De ce point de vue, les usages (acheter sur Amazon…) n’apparaissent d’ailleurs pas cohérents avec les représentations et les opinions. Autre point : ces licenciements, dans des sociétés américaines, rappellent un modèle honni par la société tricolore, un modèle sans droit du travail. Cela renvoie aux images de la faillite de Lehman Brothers, en 2008, ou, plus récemment, à la façon dont Elon Musk a congédié des employés de Twitter.
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L’arrivée de Delphine Arnault à la tête de Dior (LVMH).
Les Français n’en ont pas entendu parler. La focalisation s’opère autour de son père en lien avec la capitalisation boursière du groupe. Elle est « la fille de » : en dépit de ses compétences, cela ne donne pas le sentiment que c’est la méritocratie qui l’emporte. Son arrivée à la tête de Dior alimente l’idée d’une forme de reproduction des élites et de systèmes sociaux pas ouverts aux personnes les plus méritantes. Si cela devait se savoir plus largement, il y aurait un enjeu d’opinion à gérer.
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Le patron fondateur de Netflix, Reed Hastings, qui quitte les commandes opérationnelles de l’entreprise aux 230 millions d’abonnés fin 2022.
On dit souvent que la France est à la traîne, qu’elle a du mal à s’adapter aux changements. Or l’évolution de la consommation de Netflix, ces dernières années, est considérable. Nous avons rattrapé les autres pays européens en termes de nombre d’abonnements par foyer. En parallèle, les plateformes franco-françaises [comme Salto] n’ont pas fonctionné, alors que le pays est censé vouloir valoriser la production française. C’est un autre exemple de l’écart existant entre les pratiques et les représentations.
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