En 2015, pour la Coupe du monde de rugby, 20 Minutes avait tenté l’expérience WhatsApp en alertant chaque matin ses lecteurs sur les résultats de la veille. Depuis, d’autres médias s’y sont mis, comme Libération lors du Mondial de football, la chaîne Euronews ou récemment Le Monde Afrique, une verticale du quotidien. Avec 1,5 milliard d’adeptes dans le monde, difficile de passer à côté de la messagerie rachetée par Facebook en 2014. Mais pour y faire quoi ?
Gratuit, résiliable et sans spam
Après le test du Mondial de rugby, 20 Minutes a franchi le pas en 2017 en proposant à ses lecteurs de s’abonner à un compte national et à quatre comptes locaux, à Paris, Marseille, Nantes et Strasbourg, pour recevoir chaque jour de la semaine une sélection d’articles dans un message WhatsApp.
Aujourd’hui, avec un compte local supplémentaire à Lyon, 20 Minutes totalise 21 000 abonnés, un chiffre qui a doublé sur la dernière année. Et à côté de l’alerte quotidienne en semaine, le titre propose désormais le samedi de débusquer les
dernières fake news et le dimanche une sélection d’articles pointus. « Un service gratuit et résiliable à tout moment, garanti sans spam », précise 20 Minutes à ses lecteurs, pour éviter de se montrer intrusif.
Des formats variés
Au Monde Afrique, qui s’est lancé en novembre sur la messagerie, on a un autre souci en tête. « L’un des sujets, c’est de ne pas lasser nos lecteurs. On essaie de les surprendre avec des formats variés, des capsules audio ou de la vidéo, sans rendez-vous fixe », note Stéphanie Lechelon, data analyst chargée du développement de l’audience du site. Les trois quarts des inscrits vivent en Afrique, où cette messagerie est en passe de remplacer les SMS, voire les e-mails. Surtout, les lecteurs interagissent, avec 400 messages reçus chaque jour en réponse aux envois. « Les demandes, par exemple sur le franc CFA, permettent d’orienter la rédaction et de produire du contenu », se félicite Maryline Baumard, rédactrice en chef du Monde Afrique.« WhatsApp modifie aussi la façon de parler à son audience, c’est beaucoup plus proche et plus intime que Facebook ou Twitter, par exemple. Quand vous êtes dans la poche de votre public, vous avez intérêt à mesurer la force de ce que vous lui transmettez », confie de son côté Ana Vasile, directrice des offres numériques de France Médias Monde. Le groupe public, qui est déjà présent sur la messagerie avec un fil d’info pour le site InfoMigrants et des groupes de conversation pour celui des Observateurs de France 24, prépare aujourd’hui, cette fois pour RFI, une chaîne d’information WhatsApp sur l’Afrique.
Après l’interactivité, l’engagement constitue un autre atout de Whats-App. Chez Euronews, qui a atteint en six mois 21 000 abonnés, dont 75 % reçoivent une newsletter en turc ou en persan, le reste en anglais, français ou espagnol, « le taux de clic moyen est de 19 % », relève Youva Bouzidi, responsable produits digitaux de la chaîne. Au Monde Afrique, Stéphanie Lechelon voit un avantage supplémentaire de taille : « Whats-App permet de s’affranchir des algorithmes. Sur Facebook, les articles que nous postons ne sont pas diffusés auprès de 100 % de la base. Là, on touche directement tout le monde. »